Dernière mise à jour à 10h45 le 30/03
Malala Yousafzaï, militante des droits des femmes et plus jeune lauréate du Prix Nobel de la Paix, est revenue au Pakistan aux premières heures de la journée du 29 mars, pour la première fois depuis qu'elle a été gravement blessée par balles en 2012 par des militants talibans irrités de son soutien à l'éducation des filles. C'est une sécurité renforcée qui a accueilli l'étudiante universitaire, aujourd'hui âgée de 20 ans, à son arrivée à l'aéroport international Benazir Bhutto du Pakistan. La télévision locale l'a montrée avec ses parents dans le salon de l'aéroport avant son départ dans un convoi de près de 15 véhicules, dont beaucoup étaient occupés par des policiers lourdement armés.
Selon un communiqué du gouvernement, quelques heures après son arrivée, Malala Yousafzaï a rencontré le Premier ministre pakistanais Shahid Khaqan Abbasi. Son retour avait été enveloppé dans le secret et il n'a pas été immédiatement précisé combien de temps elle resterait dans la ville ou si elle envisageait de se rendre dans sa ville natale de Swat, où la fusillade eut lieu. A l'annonce de l'arrivée de Malala Yousafzaï au Pakistan, nombre de ses compatriotes l'ont accueillie avec enthousiasme. Pour le parti d'Imran Khan, ancien joueur de cricket devenu leader de l'opposition, ce retour est un signe de la défaite de l'extrémisme dans le pays, et Marvi Memon, une haute responsable du parti au pouvoir, la Ligue musulmane du Pakistan, s'est également réjouie de la nouvelle, disant que c'était une agréable surprise pour elle de voir la jeune fille de retour chez elle.
Malala Yousafzaï n'avait que 14 ans, mais elle était déjà connue pour son activisme, quand un tireur taliban est monté à bord de la camionnette dans laquelle elle était assise et a demandé à savoir « qui est Malala ? » avant de lui tirer une balle dans la tête. Deux de ses camarades de classe furent alors également été blessés. Dans un état critique, Malala Yousafzaï fut envoyée par avion dans la ville de Rawalpindi avant d'être transportée par avion à Birmingham en Grande-Bretagne. Depuis, elle a parlé devant les Nations Unies, fascinant le monde avec son éloquence et son engagement sans relâche pour la promotion de l'éducation des filles à travers le Fonds Malala, un livre, des rencontres avec des réfugiés et d'autres activistes.
Elle a reçu le prix Nobel en 2014, avec Kailash Satyarthi, activiste indienne des droits de l'enfant, et a déclaré le jour où elle a reçu le prix que « l'éducation est l'une des bénédictions de la vie et l'une de ses nécessités ». Elle est restée en Grande-Bretagne après avoir suivi un traitement médical et a été acceptée à l'Université d'Oxford l'année dernière. Dans son pays, au Pakistan, cependant, elle a été condamnée par certains comme une porte-parole de l'Occident, certains suggérant même sur les médias sociaux que la fusillade dont elle a été victime a été mise en scène. Les responsables pakistanais ont quant à eux affirmé avoir capturé plusieurs suspects après l'agression contre Malala Yousafzaï, mais le chef des talibans au Pakistan, le mollah Fazlullah, est toujours en fuite et se cacherait dans l'Afghanistan voisin.