Dernière mise à jour à 09h11 le 10/04
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, à qui ses opposants reprochent d'être en train de transformer son pays, ancien membre du bloc soviétique devenu une démocratie dynamique, en un Etat semi-autocratique sous le contrôle d'un seul parti politique, a remporté le 8 avril une victoire écrasante aux élections nationales, avec 93% des voix après décompte de l'ensemble des votes.
En obtenant les deux tiers des sièges au Parlement, le parti de M. Orban, Fidesz -avec son allié, les démocrates-chrétiens- a maintenant le pouvoir de changer la Constitution et de plier davantage la nation à sa volonté. « La Hongrie a remporté une grande victoire », a déclaré M. Orban à une foule de partisans rassemblés sur la rive du Danube juste avant minuit. Il a ajouté qu'il y avait encore « un grand combat à mener » mais que sa très confortable majorité parlementaire lui permettrait de continuer à protéger la Hongrie.
De son côté, Gabor Vona, le leader du Jobbik, le plus grand parti d'opposition, a reconnu sa défaite en déplorant la teneur de l'élection, qu'il a qualifiée de « campagne de la haine ». « Ce n'était pas facile de faire campagne avec autant de mensonges et d'attaques », a déclaré M. Vona. « Nous avons échoué », a-t-il ajouté. « Fidesz continuera à diriger le pays ». Les résultats ne sont pas vraiment une surprise, compte tenu des divisions de l'opposition et du terrain de jeu inégal sur lequel ils ont été contraints de concourir. Mais ils ont encore alarmé les responsables occidentaux qui considèrent le style de gouvernement de M. Orban comme une menace pour des valeurs telles que l'Etat de droit et la liberté de la presse.
M. Orban a bâti sa campagne sur une critique en règle des nations occidentales qu'il compare à des forces hostiles et multiculturelles, où les immigrants musulmans se déchaînent et où les valeurs familiales traditionnelles sont constamment attaquées. Au lieu de chercher l'inspiration en France ou en Allemagne, M. Orban a plutôt parlé avec admiration des systèmes autoritaires de pays comme la Turquie et la Russie. La Hongrie est néanmoins membre de l'Union européenne et dépend fortement des fonds qu'elle fournit, en particulier pour des projets tels que la construction de routes, de ponts et d'autres infrastructures essentielles à la modernisation du pays.