Dernière mise à jour à 09h21 le 11/04
En s'approchant de sa maison pour la première fois depuis que les militants islamistes ont envahi le quartier, Haydee Dimalawang a été témoin d'un véritable désastre : le mot « ISIS » peint à la bombe sur la portière de la voiture familiale complètement dépouillée, des murs déchirés par des balles et la cuisine coupée en deux par un obus de mortier. Mais malgré cela, elle s'estime relativement chanceuse, car sa maison est au moins toujours debout, ce qui n'est pas le cas de nombre de ses voisins. Des combattants loyalistes à l'État islamique se sont emparés de Marawi, une ville majoritairement musulmane de plus de 200 000 habitants sur l'île philippine de Mindanao, il y a plus de 10 mois, menant à des mois de siège militaire et à des frappes aériennes américaines dévastatrices.
Les résidents sont aujourd'hui autorisés à revenir, mais seulement pour un jour ou deux par famille pour sauver ce qu'ils peuvent et puis repartir. Ce qui va se passer ensuite dépendra de comment et quand la ville sera reconstruite. Et dans un exemple frappant de la façon dont le vent politique se déplace aux Philippines, la destruction permise en partie par l'aide militaire américaine sera réparée par un consortium dirigé par la Chine, ont indiqué des responsable, qui ont précisé que le Président Rodrigo Duterte s'est rendu le 10 avril en Chine pour discuter du projet, d'une valeur estimée à 1,5 milliard de dollars, avec le Président Xi Jinping, entre autres questions.
Depuis que M. Duterte a proclamé la victoire sur les loyalistes de l'Etat islamique en octobre, les résidents ont été tenus à l'écart. Au cours des cinq derniers mois, ils ont été dispersés à travers le pays. Certains ont emménagé avec des parents, mais beaucoup ont été bloqués dans des camps de déplacés en plein air parrainés par le gouvernement. Après des protestations contre le retour tardif dans leur ville, les militaires ont prévu des visites à court terme. L'année dernière, le président Duterte a reconnu que les forces de sécurité philippines avaient été prises au dépourvu par l'attaque des militants islamistes contre Marawi et il a demandé à contrecœur l'aide des alliés militaires traditionnels du pays, les États-Unis et l'Australie. Cinq mois de combats violents ont suivi, faisant près de 1 200 morts, avant qu'un calme relatif ne revienne à la fin de 2017.
M. Duterte a annoncé la semaine dernière que la plus grande partie du contrat de reconstruction de la ville, depuis longtemps connue comme la « capitale islamique » des Philippines, sera offerte à un groupe d'entreprises chinoises. Mais il pourrait se passer des mois avant que le travail réel puisse commencer. S'exprimant lors du Forum de Boao sur l'île chinoise de Hainan, en présence de son homologue chinois, il a déclaré « En tant que pays souverains égaux, les Philippines et la Chine sont partenaires dans la construction d'infrastructures indispensables. Nous construisons des ponts d'une plus grande compréhension entre nos peuples ».