Dernière mise à jour à 08h31 le 28/08
Le président français Emmanuel Macron a présenté lundi le discours d'ouverture de la traditionnelle Conférence des ambassadeurs de France. Parmi les sujets prioritaires, figurent la lutte contre le terrorisme et l'Europe.
La sécurité reste le sujet prioritaire et, "tout particulièrement, la lutte contre le terrorisme au premier chef", a dit le président français à ses diplomates. Dans le cadre de cette lutte, Emmanuel Macron a rappelé que la France s'est dotée d'une nouvelle loi, et a réalisé l'initiative d'une conférence contre le financement du terrorisme au printemps dernier.
"Nous avons d'ores et déjà obtenu des premiers résultats. Le suivi de transactions qui jusque-là était opaque et qui touchait directement notre pays. Il nous faut poursuivre inlassablement ce travail", a révélé M. Macron tout en annonçant la tenue prochaine d'une deuxième Conférence sur le sujet, et qui sera présidé par l'Australie.
A l'international, la France continue la même politique de lutte contre le terrorisme, notamment au Sahel et au Moyen-Orient où sévissent les groupements terroristes qui menacent la stabilité de ces régions mais aussi celle de la France. Cette présence française au Sahel à travers l'opération Barkhane et celle de la Minusma ont évité le pire dans la région selon M. Macron et permis en particulier que les élections se tiennent ce mois-ci au Mali.
Et le président français a souhaité la poursuite de cette action militaire, "avec la même intensité" malgré ses victoires importantes contre les terroristes. D'où l'appui et l'accélération de la création des forces conjointes du G5 Sahel en complétant la présence de la force Barkhane.
"Je suis convaincu que notre action militaire sera, en effet, plus efficace encore si elle s'articule mieux avec l'implication des cinq pays du Sahel concernés. Nous avons levé des financements, encouragé les premières opérations des forces, et avec l'ensemble des chefs d'Etat et de gouvernement impliqués nous avons amélioré notre organisation", a-t-il expliqué.
M. Macron a également souligné la nécessité de renforcer la coopération avec l'Algérie, exposée au même risque terroriste, ainsi qu'avec le Nigéria et le Cameroun, engagés contre le groupe terroriste Boko Haram. Mais malgré ses efforts, le président français estime qu'une paix durable au Sahel dépendra de la stabilité de la Libye.
Car "l'anomie qui règne en Libye depuis 2011 a conduit à structurer des routes organisées de trafic de drogue, d'êtres humains et d'armes. (...) Ces routes sont aujourd'hui celles de la misère et du terrorisme", a-t-il rappelé. Plusieurs initiatives ont ainsi été prises pour résoudre la crise libyenne, dont la lutte contre ces trafics et réseaux de passeurs en lien avec l'Union africaine et l'Organisation internationale pour les migrations.
La Syrie constitue également un autre théâtre d'opération française de lutte contre le terrorisme. Et selon M. Macron, la situation en Syrie reste "extrêmement grave et préoccupante" et qu'un cessez-le-feu est aujourd'hui indispensable. Mais selon lui la solution durable à ce conflit sera politique.
"Nos lignes sur le conflit syrien sont claires : la lutte contre Daesh et les groupes terroristes qui menacent la sécurité de l'Europe, le soutien aux populations civiles et la promotion d'une feuille de route diplomatique inclusive, en lien avec les Nations Unies", a-t-il indiqué.
Pour Emmanuel Macron, faire de la destitution de Bachar el-Assad (président syrien) une condition préalable "serait une erreur funeste". "Il n'appartient pas à la France de désigner les futurs dirigeants de la Syrie, pas plus qu'à un autre pays. Mais c'est notre devoir et notre intérêt que de nous assurer que le peuple syrien sera bien en situation de le faire", a-t-il justifié.
Outre la lutte contre le terrorisme, l'Europe est l'autre priorité du programme diplomatique du président français qui a ainsi rappelé l'importance de l'UE à la fois pour la sécurité, la capacité à refonder l'ordre international ou de promouvoir nos intérêts.
"Le faire seul et la plupart du temps voué à l'échec. Le faire avec une voix européenne forte, cohérente est le gage de notre réussite", a dit M. Macron. Pour le président français ce combat européen ne fait que commencer et, "il sera long, difficile, et sera au centre de l'action de la France tout au long de mon mandat et en particulier dans l'année qui s'ouvre. Car nous sommes au milieu d'une crise européenne", a-t-il promis.
Parmi ces crises, il cite le Brexit, la montée des extrêmes qui est devenue selon lui, "presqu'une règle générale", les divisions entre le nord et le sud ou sur encore les sujets migratoires qui fracturent trop souvent l'UE. Concernant le Brexit Emmanuel Macron indique dans la foulée, qu'il s'agit d'un choix souverain qu'il faut respecter, mais un choix qui ne saurait se faire aux dépens de l'intégrité de l'UE.
"La France souhaite maintenir une relation fort privilégiée avec Londres mais pas au prix de la dissolution de l'UE. Nous aurons sur ce point un dialogue exigent, indispensable mais il nous faudra penser la relation de l'UE après le Brexit avec Londres", a dit le président français.
Emmanuel Macron souhaite la même exigence aux frontières européennes, car on ne peut construire durablement l'Europe sans penser les relations avec la Russie et à la Turquie, a-t-il estimé. Il propose à ce sujet de construire un partenariat stratégique qui n'est pas l'adhésion à l'UE, avec la Russie et la Turquie.
Le président français invite également à assumer une Europe large voire plus large que l'UE. Et sur ce point, dit-il, "la vision que porte la France suppose une révision des traités qu'il s'agisse de la réforme de l'UE comme de la zone euro". M. Macron souhaite que cette réforme se fasse sur la base des consultations démocratiques en cours des résultats des élections européennes à venir et d'un travail intergouvernemental.
Pour que l'Europe puisse faire face aux défis contemporains, il n'y a qu'une seule réponse crédible : "celle de notre autonomie stratégique", a dit le président français pour qui la question qui s'impose est de savoir si les Etats-Unis d'Amérique regardent l'Europe comme une puissance avec une autonomie stratégique.
Emmanuel Macron a ainsi promis de plaider sur toutes ses questions, pour que l'Europe puisse être une puissance économique et commerciale à travers une zone euro plus forte, à travers une défense de ses intérêts stratégiques et commerciaux et une indépendance financière avec des mécanismes qu'elle doit proposer pour asseoir son autonomie financière.