Dernière mise à jour à 08h29 le 20/09
Alexandre Benalla, ex-chargé de mission à la présidence de la République française, mis en examen pour avoir violenté un manifestant lors du rassemblement le 1er mai, a été auditionné mercredi par la commission d'enquête du Sénat.
L'ex-collaborateur du président français Emmanuel Macron s'est exprimé pour la première fois devant une commission d'enquête parlementaire. Il est revenu longuement sur sa mission à l'Elysée, son recrutement en tant que collaborateur de M. Macron, ainsi que son autorisation de port d'armes qui font polémique depuis le début de cette affaire le concernant.
Alexandre Benalla a ainsi indiqué aux sénateurs qu'il n'a jamais exercé aucune mission directe de sécurité auprès d'Emmanuel Macron, ni pendant la campagne électorale ni à la présidence de la République. "A l'occasion de la campagne présidentielle, je n'étais pas le garde du corps d'Emmanuel Macron et je n'ai jamais été le garde du corps d'Emmanuel Macron", a déclaré M. Benalla tout en précisant que sa fonction à cette époque était celle de Directeur de la sûreté et de la sécurité du parti La République en marche (LREM).
Il s'agit d'un rôle d'organisation, notamment "le contact avec l'autorité préfectorale, les renseignements territoriaux, des sociétés de sécurité privée locale, pour coordonner des meetings, réunions ou le déplacement du candidat", a-t-il expliqué.
Selon Alexandre Benalla, il n'y a pas eu de changement après l'élection à la présidence de la République d'Emmanuel Macron : "Je n'ai jamais été ni policier ni garde du corps du président de la République", a dit M. Benalla.
"Mes quatre missions étaient : l'organisation des déplacements nationaux du président de la République, l'organisation des événements au Palais, l'organisation des déplacements privés du président et la coordination des services de sécurité", a-t-il indiqué. Et la coordination des services de sécurité n'est pas être chef de la sécurité de l'Elysée, c'est selon lui une fonction administrative qui consiste à conduire un certain nombre de réunions et de réflexions.
"J'étais proche de lui (Macron) physiquement parce que j'avais besoin de cette proximité pour lui passer un certain nombre de messages. Mais je n'étais pas le garde du corps d'Emmanuel Macron et je ne l'ai jamais été", a-t-il insisté.
Sur son recrutement à l'Elysée, M. Benalla a expliqué avoir été appelé par le service des ressources humaines de la présidence de la République pour un entretien avant d'être recruté sur le statut de chargé de mission.
Il a dit avoir vécu sa sanction, notamment la rétrogradation comme une humiliation. "Je suis passé de préparer les déplacements du président de la République à synchroniser des cortèges. On peut appeler ça rétrogradation mais je le considère comme de l'humiliation", a-t-il confié.
La question de son autorisation de port d'armes qui lui a été accordée par la préfecture de police après un refus du ministère de l'intérieur, a également été soulevée par les sénateurs. M. Benalla a indiqué avoir fait à titre personnel l'autorisation de port d'armes pour des motifs "de défense et de sécurité personnelle".
Et que c'est le directeur de cabinet du président de la République, Patrick Strzoda qui a saisi la préfecture de police de l'étude du dossier. "La préfecture de police a pris un certains nombre de considérants pour pouvoir attribuer de manière légale, l'autorisation de port d'armes", a justifié M. Benalla faisant allusion à une menace dont il serait victime.
Cette longue audition de M. Benalla, notamment sur l'autorisation de port d'armes n'a pas totalement satisfait les sénateurs.
"Je n'ai rien appris de nouveau dans ce dossier. On l'a auditionné en ayant l'espoir de savoir plus. Mais il joue le jeu sans nous donner les éléments, c'est-à-dire savoir, est-ce qu'il était en train d'organiser la sécurité du président parallèlement aux GSPR (le Groupe de Sécurité de la Présidence de la République) chargés de cette sécurité", a critiqué sur la télévision BFMTV la sénatrice de EELV (Europe Ecologie-les Verts), Esther Benbassa. "Il nous a pris pour des benêts", a réagi sur la même chaîne Patrick Kanner, Sénateur PS (parti socialiste).
Pierre Charon, sénateur LR (Les Républicains), a eu la même impression sur la chaîne LCI. "Ce qui est gênant c'est qu'on se sent baladé. Il n'a pas dit plus que le secrétaire général de la Présidence ou le directeur et le chef de cabinet", a-t-il réagi.
Les sénateurs LREM ont boycotté la séance d'audition de M. Benalla, car ils estiment que "tout a été dit" dans cette affaire désormais devant la justice, et accusent le Sénat, notamment les opposants de vouloir "affaiblir le président Macron et l'exécutif".