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La démission du ministre français de l'Intérieur fragilise encore un peu plus le président Macron

Xinhua | 04.10.2018 11h22

En chute libre dans les sondages, après un été difficile et une rentrée compliquée, le chef de l'Etat français doit faire face à une crise gouvernementale provoquée par la démission du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb dans des circonstances inédites sous la 5e République.

L'ancien maire de Lyon, soutien de la première heure d'Emmanuel Macron, a fait céder le président de la République au terme de deux jours rocambolesques.

Malgré le refus du chef de l'Etat d'accepter la démission, Gérard Collomb a réaffirmé mardi dans la presse sa volonté de quitter le gouvernement, défiant l'autorité d'Emmanuel Macron et contraignant l'exécutif à annoncer dans la nuit l'officialisation de son départ et d'organiser mercredi la passation de pouvoir.

Le Premier ministre Edouard Philippe, chargé d'assurer l'intérim "dans l'attente de la nomination" d'un nouveau ministre de l'Intérieur, a dû annuler un déplacement en Afrique du Sud prévu jeudi et vendredi.

La presse de l'Hexagone a des mots très durs pour commenter cet événement inédit sous la 5e République tandis que l'opposition, de droite comme de gauche, s'en donne à cœur joie, n'hésitant pas à fustiger un délitement du pouvoir.

Gérard Collomb, 71 ans, avait annoncé il y a deux semaines sa volonté de quitter le gouvernement après les élections européennes du 26 mai afin de se consacrer aux municipales à Lyon, ville dont il fut maire de 2001 à 2017, suscitant déjà de vives critiques.

"Compte tenu des rumeurs et des pressions qu'il peut y avoir, je ne veux pas que le fait que je sois candidat quelque part demain puisse troubler la marche du ministère de l'Intérieur", a justifié mardi le ministre démissionnaire. "Il faut une clarté vis-à-vis de nos concitoyens et une clarté vis-à-vis des Lyonnais, donc je maintiens ma proposition de démission", a-t-il ajouté.

Mais ces déclarations ne suffisent pas à convaincre les fins observateurs de la vie politique française qui relèvent que le divorce entre Emmanuel Macron et Gérard Collomb était déjà consommé avec la rupture marquée cet été par le feuilleton de l'affaire Benalla.

Interrogé le 6 septembre sur la baisse de la popularité d'Emmanuel Macron, le ministre le plus expérimenté du gouvernement avait notamment critiqué le "manque d'humilité" de l'exécutif. "En grec, il y a un mot qui s'appelle hubris, c'est la malédiction des dieux quand, à un moment donné, vous devenez trop sûr de vous, que vous pensez que vous allez tout emporter", avait-il dit sur BFM-TV.

Le départ du numéro 2 du gouvernement est d'autant plus une mauvaise nouvelle pour le président Macron qu'il intervient après celui tout aussi inédit, fin août, du populaire ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot qui avait annoncé sa démission en direct à la radio sans en avoir préalablement informé le chef de l'Etat.

A cela s'ajoute le remplacement, en une année seulement, de la ministre de la Défense (Sylvie Goulard remplacée par Florence Parly), et du garde des Sceaux (François Bayrou remplacé par Nicole Belloubet) alors qu'Emmanuel Macron, qui se veut le "maître des horloges", s'était engagé à assurer la stabilité et la continuité de l'équipe gouvernementale.

Or, des six principaux ministres dans l'ordre protocolaire en place au début du mandat du président, il ne reste aujourd'hui plus que Jean-Yves Le Drian, aux Affaires étrangères.

François Bayrou le centriste, Gérard Collomb figure du Parti socialiste reconverti en centriste pro-Macron, Nicolas Hulot représentant de la société civile constituaient le socle du large rassemblement au-delà des lignes de fracture traditionnelles réussi par l'actuel chef de l'Etat pour l'emporter à la présidentielle de mai 2017.

Le chef de l'Etat et son Premier ministre Edouard Philippe apparaissent désormais bien seuls. Le remaniement gouvernemental forcé qu'implique la démission de Gérard Collomb va encore être compliqué par la difficulté à lui trouver un successeur qui puisse endosser le costume et rencontrer une adhésion suffisante.

Plusieurs noms circulent déjà: le ministre du Budget Gérald Darmanin, le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux ou encore l'ancien patron de la police nationale Frédéric Péchenard.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Yishuang Liu)
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