L'Elysée relativise les tweets de Donald Trump critiquant le président français Macron

Le bureau du président français Emmanuel Macron a relativisé mardi la série de tweets du président américain Donald Trump critiquant vertement la politique commerciale et de sécurité de la France, soulignant que les deux dirigeants maintiennent leurs liens bilatéraux.

La présidence française s'est refusée "à tout commentaire" officiel à la suite des cinq messages tweetés par le président américain deux jours après sa venue à Paris pour le centenaire de l'armistice de 1918, mais a laissé filtrer plusieurs réactions dans les médias.

"La relation entre Emmanuel Macron et Donald Trump n'est pas toujours facile, mais elle est continue", affirme ainsi une source à l'Elysée, citée par la chaîne de télévision BFMTV. "Au-delà des tweets, ce qui importe c'est qu'ils se parlent plusieurs fois par semaine, et qu'ils évoquent les sujets qui perturbent la marche du monde", souligne cette source.

Dans l'un de ses tweets publiés mardi, le président américain écrit que "le problème est qu'Emmanuel Macron souffre d'une très faible cote de popularité en France, 26%, et d'un taux de chômage à près de 10%. Il essayait juste d'aborder un autre sujet. D'ailleurs, il n'y a pas de pays plus nationaliste que la France, peuple très fier et à juste titre !".

Ces tweets "sont faits pour les Américains, sinon ils ne seraient pas écrits en anglais", a déclaré à des journalistes de l'Association de la presse présidentielle un conseiller de l'Elysée. "Nous n'avons pas à commenter les contenus qui sont dédiés à ses concitoyens", a-t-il dit.

A plusieurs reprises, le président Macron a clairement fait part de ses divergences d'opinion avec Donald Trump, notamment sur le changement climatique, l'accord sur le nucléaire iranien ou le nationalisme. Mais, en même temps, il a développé une relation forte avec lui à une époque où de nombreux dirigeants européens gardent leurs distances avec le président américain, ont fait remarquer des observateurs français.

Ce week-end, le président français a reçu son homologue américain à Paris dans le cadre des cérémonies marquant le 100e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale. A peine arrivé, vendredi, Donald Trump avait dénoncé avec virulence sur Twitter l'idée de créer une armée de défense européenne évoquée par le président français quelques jours auparavant, jugeant de tels propos "très insultants".

Samedi, devant la presse aux côtés du président américain, M. Macron s'est efforcé de faire retomber la pression, insistant sur sa forte relation avec Donald Trump et se faisant l'écho des revendications de Washington en matière de défense.

"On ne peut pas avoir d'un côté la sécurité européenne, et d'un côté la sécurité américaine. Nous devons porter ce fardeau ensemble. Nous avons besoin de plus d'investissements, c'est ce que je demande", a déclaré le président français qui a toujours appelé Donald Trump "mon ami".

Cependant, le président Macron n'a pas hésité pendant les commémorations du centaine de la fin de la Première Guerre mondiale à défendre le multilatéralisme, dans des critiques à peine voilées du président Trump.

"Le patriotisme est exactement le contraire du nationalisme. Quand nous disons 'nos intérêts passent en premier, ceux des autres n'ont pas d'importance', nous effaçons ce qu'une nation a de plus précieux, ce qui lui donne vie et la rend grande : ses valeurs morales", a notamment lancé le président français, dimanche, devant de nombreux chefs d'Etat et de gouvernement.