Dernière mise à jour à 08h23 le 05/12
Alors que les actions de blocages des "gilets jaunes" se poursuivent dans le pays, les autorités françaises sont à la manœuvre pour tenter de sortir de la crise. Le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé ce mardi un certain nombre de mesures, notamment un moratoire de six mois sur la hausse des taxes sur le carburant, à l'origine de la colère des "gilets jaunes".
"Je suspends pour une durée de 6 mois ces mesures fiscales (hausses des taxes sur le carburant). Nous voulons dans ce laps de temps identifier et mettre en œuvre des mesures d'accompagnement justes et efficaces. Si nous ne les trouvons pas, nous en tirerons les conséquences", a déclaré mardi dans une allocution télévisée Edouard Philippe.
A cela s'ajoute la suspension des modalités du contrôle technique qui devaient également entrer en vigueur le 1er janvier prochain, et la suspension de l'augmentation des prix du gaz et de l'électricité. Selon Edouard Philippe, "aucune taxe ne mérite de mettre en danger l'unité de la Nation".
Toutefois, pour la plupart des "gilets jaunes", les revendications ont depuis longtemps évolué pour s'élargir au pouvoir d'achat. C'est par exemple le cas d'Eric Drouet, l'un des initiateurs du mouvement.
"Les seules annonces qu'on a eu ce matin ce sont des suspensions ou des gels de taxes, et il n'y a rien de concret là dessus. Ensuite, l'Etat reste fixé sur la hausse du carburant, c'est une erreur ça a été la cause du mouvement pendant deux semaines mais cela fait cinq ou six semaines qu'on a dépassé ce stade", a déclaré M. Drouet sur BFMTV. "Nous attendons une suspension de la hausse des taxes, pas un moratoire", a également ajouté sur la même chaîne Benjamin Cauchy, autre figure des "gilets jaunes".
Le gouvernement a affiché une volonté d'apaisement au lendemain des violences commises en marge de la manifestation de samedi dernier à Paris. Edouard Philippe a d'abord engagé dès lundi une série de consultations des chefs de partis politiques qui l'ont tous sans exception invité à revoir sa position, en lui proposant des solutions politiques pour sortir de la crise.
Pendant ce temps, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et son secrétaire d'Etat Laurent Nunez s'activaient lundi devant la Commission des lois de l'Assemblée nationale pour s'expliquer sur les violences lors de la manifestation des "gilets jaunes" samedi dernier à Paris. Selon M. Castaner, les raisons de ces débordements sont en partie liées au manque d'organisation du mouvement qui "complique la façon d'organiser notre défense".
"Je retiens aussi l'incapacité du mouvement à se structurer, résultat : il n'y a pas d'organisateur, pas de déclaration et pas de responsabilité", a-t-il ajouté. Les conséquences de ce manque d'organisation à l'origine de rassemblements revendicatifs dans des lieux inadaptés sont dramatiques, insiste le ministre. "3 décès, tous occasionnés sur des barrages routiers, 1.032 blessés dont 39 graves", depuis le début du mouvement, a-t-il renseigné.
Selon M. Castaner, la violence a atteint son paroxysme samedi dernier avec des scènes d'une rare brutalité commises à travers la capitale mais aussi en province. "Nous avons comptabilisé 136.000 participants, 632 interpellations dans toute la France dont 412 à Paris, un chiffre qui n'a jamais été atteint précédemment. 207 gilets jaunes ont été blessés et plus de 200 policiers blessés au plan national", a-t-il indiqué.
Aux députés de l'opposition qui mettent en cause la coordination des effectifs samedi dernier à Paris, le préfet de police Michel Delpuech a indiqué que 1.860 agents étaient déployés pour la protection des institutions et des 24 points d'accès aux Champs-Elysées pour le filtrage.
Pour le reste, c'est près de 2.000 fonctionnaires militaires de la gendarmerie qui ont assuré les tâches mobiles, sans compter la police des transports, très présente dans les gares, a-t-il ajouté.
Selon le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur Laurent Nunez, 139 gardés à vue ont été déférés au parquet suite aux violences de samedi dernier et 111 gardes à vue ont été prolongées. Quatre peines de prison ferme ont été prononcées à la suite de comparutions immédiates lundi après-midi.
Le gouvernement a annoncé qu'il y aurait également un débat à l'Assemblée nationale mercredi et au Sénat jeudi sur cette crise. Alors que le gouvernement multiplie des opérations en vue de trouver une solution à la crise, le mouvement des "gilets jaunes" se poursuit, à travers des opérations de blocages, notamment à l'intérieur du pays.
Onze dépôts majeurs de carburants ont été bloqués ce lundi, 75 stations-service sont en pénurie, a annoncé Total. 188 lycées ont également été bloqués lundi dans toute la France selon le ministère de l'Intérieur. La plupart de ces lycées, qui manifestent à nouveau ce mardi, affichent leur soutien aux "gilets jaunes".