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France/vœux du Nouvel An : Macron réitère son appel au dialogue et maintient le cap des réformes

Xinhua | 02.01.2019 08h21

Le président français Emmanuel Macron a formulé, dans son traditionnel discours de fin d'année, des vœux de "vérité, de dignité et d'espoir" aux Français pour 2019, alors que le pays peine à sortir de la crise sociale marquée par plusieurs semaines de manifestation des "Gilets jaunes".

Dans un contexte social tendu, M. Macron s'est montré déterminé à réitérer son appel au dialogue et a mis les Français en garde contre les "porte-voix d'une foule haineuse" qui s'en prennent aux juifs, homosexuels, étrangers, etc.

M. Macron a formulé des vœux de vérité qui sont, selon lui, des vœux "d'écoute, de dialogue, d'humilité". Il a évoqué la nécessité de se protéger contre les fausses informations et les manipulations. "On peut débattre de tout mais débattre du faux peut nous égarer (...) débattons car de là peut naître une action utile et qui nous unit", a-t-il indiqué, faisant ainsi allusion aux "Gilets jaunes" sans jamais les citer nommément dans son discours.

Le président français a rappelé que le pays a vécu en 2018 de "grands déchirements" et qu'"une colère a éclaté qui venait de loin : colère contre les injustices, contre le cours d'une mondialisation parfois incompréhensible, colère contre un système administratif devenu trop complexe (...) colère aussi contre des changements profonds qui interrogent notre société sur son identité et son sens", a énuméré M. Macron.

Cette colère, "quels que soient ses excès et ses débordements", révèle une chose : "nous ne sommes pas résignés. Notre pays veut bâtir un avenir meilleur, reposant sur notre capacité à inventer de nouvelles manières de faire et d'être ensemble. Telle est à mes yeux la leçon de 2018", a-t-il déclaré.

M. Macron a rappelé dans ses vœux de vérité qu'il ne faut "pas oublier que l'on ne bâtit rien sur des mensonges ou des ambiguïtés". "Nous vivons dans l'une des plus grandes économies du monde, nos infrastructures sont parmi les meilleures au monde, on ne paie pas ou presque la scolarité de nos enfants, on se soigne à un coût parmi les plus faibles des pays développés (...) cessons de nous déconsidérer", a martelé le président.

Le chef de l'Etat français a également formulé des vœux de dignité aux Français, soulignant que nombre de ses concitoyens ne se sentent pas "respectés, considérés", et qu'il faudra apporter plus de réponses afin d'"assurer à chacun les droits dans la société et attendre de lui les devoirs qui sont les siens". La dignité, "c'est aussi le respect de chacun", a-t-il rappelé.

"J'ai vu ces derniers temps des choses impensables et entendu l'inacceptable (...) Que certains prennent pour prétexte de parler au nom du peuple (...) et n'étant en fait que les porte-voix d'une foule haineuse, s'en prennent aux élus, aux forces de l'ordre, aux journalistes, aux juifs, aux étrangers, aux homosexuels, c'est tout simplement la négation de la France", a dénoncé le président qui faisait à nouveau allusion aux dérapages en marge du mouvement des "Gilets jaunes".

A ses pourfendeurs qui mettent en cause sa légitimité lors de ces manifestations, Emmanuel Macron a rappelé que le peuple est souverain et s'exprime lors des élections. "Il y choisit des représentants qui font la loi, précisément parce que nous sommes un Etat de droit. L'ordre républicain sera assuré sans complaisance car j'attends de chacun ce respect indispensable à la vie en société", a-t-il indiqué.

Le président français a enfin formulé des vœux d'espoir, notamment avec l'action forte lancée par le gouvernement pour "notre école, nos universités, l'apprentissage et l'alternance", entre autres. Selon M. Macron, qui s'est montré déterminé à poursuivre ces réformes, estime que "nombre de transformations qu'on pensait jusqu'alors impossibles, comme celle du travail ou des chemins de fer, ont été menées à bien". "Les résultats ne peuvent être immédiats, et l'impatience que je partage ne saurait justifier aucun renoncement", a-t-il déclaré tout en précisant que "le gouvernement (...) devra poursuivre ce travail pour ancrer nombre de ces réformes dans notre quotidien".

Ce discours du président français a été vivement critiqué par ses opposants et les "Gilets jaunes". Dans un tweet, la présidente du Rassemblement national (RN, extrême droite) Marine Le Pen a qualifié le président "d'imposteur et de pyromane". La porte-parole des Républicains (droite), Laurence Sailliet, dit elle avoir le sentiment d'un président qui récitait un texte sans conviction. "Quand il dit 'vérité', ce n'est peut être pas le mot du jour compte tenu de l'affaire Benalla. Je suis un peu surprise qu'il caricature les 'Gilets jaunes' alors qu'il parle de dignité. Enfin, l'espoir, c'est le pouvoir d'achat qu'il doit rendre aux Français", a dénoncé Mme Sailliet sur la chaîne BFMTV.

Mêmes critiques à gauche : "On ne sait pas pourquoi mais tout ce qu'il dit tombe à plat. Et quand on comprend, on préférerait ne pas avoir entendu. Quel lunaire donneur de leçons", a réagi sur son compte Twitter le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon. "Un président moralisateur qui va poursuivre ses réformes sans tenir compte des colères, des attentes de ceux qui aspirent tout simplement à vivre mieux", a dénoncé pour sa part Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français (PCF).

Les "Gilets jaunes" n'ont pas non plus apprécié le discours d'Emmanuel Macron. Benjamin Cauchy, leader des "Gilets jaunes libres", a qualifié sur BFMTV le discours présidentiel d'"aveu d'échec et d'impuissance". "Il a voulu être le meilleur d'entre nous mais il est le pire de tous. On attendait des gestes forts et concrets mais à l'arrivée rien", a-t-il ajouté. "Le président a dit ce soir à ces millions de personnes qu'il n'apporte pas de réponse aux préoccupations qui sont les vôtres et qui font qu'ils sont restés mobilisés. Pour cela, je pense que la mobilisation va perdurer", a réagi sur la chaîne LCI Pierre Vila, une des figures des "Gilets jaunes".

(Rédacteurs :Yishuang Liu, Gao Ke)
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