Dernière mise à jour à 08h24 le 15/01
L'Union européenne s'effondrera si elle ne change pas de cap sur la question des migrations, a déclaré le Premier ministre italien Giuseppe Conte, lors d'une conférence de presse télévisée à l'issue de sa rencontre avec le commissaire européen chargé de la migration, des affaires intérieures et de la citoyenneté, Dimitris Avramopoulos, lundi à Rome.
Cette réunion a eu lieu dans le contexte du dernier contentieux en date sur la question des migrants, au cours duquel l'Europe a refusé pendant trois semaines l'accès à 49 hommes, femmes et enfants à bord de deux navires d'ONG allemands, et à la veille de la mission de M. Conte les 15 et 16 janvier au Niger et au Tchad, qui sont des pays de transit pour les migrants d'Afrique sub-saharienne qui confient leurs vies à des trafiquants d'êtres humains dans l'espoir d'atteindre l'Europe.
"J'ai exprimé au commissaire le risque que l'Europe s'effondre, car la question de l'immigration est un aspect essentiel de la structure européenne", a déclaré M. Conte aux journalistes lors de cette conférence de presse.
"Si nous continuons à perdre du temps, si nous continuons à laisser des pays traiter isolément la question de l'immigration en fonction de leurs intérêts nationaux, sans un mécanisme commun réel pour la gestion (des migrations), par un mécanisme structurel plutôt que comme des situations d'urgence, alors nous risquons de voir s'effondrer la structure européenne", a mis en garde le Premier ministre italien.
"J'ai également réaffirmé qu'il était impensable de gérer cette question autrement que selon un principe de réciprocité", a poursuivi M. Conte en référence au programme de redéploiement des migrants de l'UE établi en 2015 et qui appelle chaque pays membre de l'UE à accueillir un certain quota de demandeurs d'asiles, cadre que plusieurs pays ont cependant refusé d'appliquer.
"Je serai au Tchad et au Niger, où je continuerai le travail que j'ai entrepris par le passé (lors de missions) en Tunisie, en Algérie, en Éthiopie, en Érythrée et en Libye, car nous sommes convaincus que le phénomène d'immigration doit être traité là où commencent les flux migratoires", a dit M. Conte.
"Nous continuerons de lutter (...) contre le trafic illicite de vies humaines", a conclu M. Conte.
M. Avramopoulos a également rencontré le vice-Premier ministre italien et ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini, dont le parti, la Ligue, parti de droite et opposé à l'immigration, est actuellement en tête des sondages dans le pays avec environ 30 % de soutiens, et qui a interdit les navires d'ONG d'amener des migrants secourus dans les ports d'Italie.
La semaine dernière, M. Salvini a accepté avec réticence d'accueillir une partie des 49 migrants et demandeurs d'asile qui étaient bloqués à bord de deux navires d'ONG allemandes après avoir été secourus dans la Méditerranée avant Noël, après l'annonce par M. Avramopoulos d'un accord pour leur répartition entre l'Allemagne, la France, le Portugal, Malte, le Luxembourg, les Pays-Bas, l'Italie, la Roumanie et l'Irlande.
M. Salvini a déclaré aux journalistes qu'il était "satisfait des propos (de M. Avramopoulos)" et que "nous attendons maintenant de voir les faits".