Dernière mise à jour à 09h14 le 14/03
Les eurodéputés, réunis en session plénière à Strasbourg, dans le nord-est de France, ont adopté mercredi, à l'issue d'un débat, une résolution dans laquelle ils appellent la Commission européenne à prendre des mesures ambitieuses en matière de lutte contre la pollution de l'air dans les secteurs du transport, de l'agriculture et de l'énergie.
Selon l'Agence européenne pour l'environnement, plus de 400 000 décès prématurés sont dus à la pollution atmosphérique dans l'Union européenne (UE) chaque année ; les limites d'émissions légales de l'UE restent supérieures à celles recommandées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ; environ 90% des Européens vivant en ville sont exposés à des niveaux de pollution atmosphérique jugés nocifs pour la santé humaine, rappelle le Parlement européen (PE) dans une résolution non législative adoptée mercredi à Strasbourg par 446 voix pour, 146 contre et 79 abstentions.
Les eurodéputés relèvent par ailleurs qu'en 2018, six Etats membres de l'UE ont été déférés devant la Cour de justice de l'UE pour non-respect des normes de qualité de l'air de l'UE.
"La Commission européenne devrait mettre à jour la directive sur la qualité de l'air ambiant conformément aux limites actuelles de l'OMS pour les particules, l'oxyde de soufre et les niveaux d'ozone", déclarent les eurodéputés dans leur résolution.
Bruxelles "devrait également renforcer les contrôles afin de s'assurer que les Etats membres se conforment aux normes relatives aux procédures de test des émissions de véhicules diesel inscrites dans la législation relative à la réception par type des véhicules", écrivent-ils.
Le PE exhorte Bruxelles à "développer des plans d'action sur l'air propre avec des mesures traitant de toutes les sources de pollution atmosphérique et de tous les secteurs de l'économie", indique le PE dans un communiqué.
Dans leur résolution, les eurodéputés expriment leurs inquiétudes face aux "preuves scientifiques grandissantes concernant les conséquences de la pollution atmosphérique liée au trafic sur le développement cognitif et la performance, notamment pour les enfants".
Le PE plaide en faveur du principe "pollueur-payeur" et, dans la foulée du scandale du Dieselgate, préconisant le développement "des procédures de recours collectif pour protéger les consommateurs en cas de futur scandale sur les émissions des voitures".
"Les constructeurs automobiles devraient obligatoirement mettre en conformité les véhicules diesel non conformes pour nettoyer le parc automobile et éviter l'interdiction des véhicules diesel. Les coûts devraient être supportés par le constructeur automobile", insistent les eurodéputés.
Ils appellent la Commission européenne à continuer à réduire les émissions de NOx de la flotte de véhicules de l'UE et à contribuer à combler d'ici 2021 l'écart entre les limites d'émissions des voitures et les niveaux réels mesurés sur la route.
Le PE demande d'autre part à Bruxelles que les financements futurs liés à la Politique agricole commune (PAC) "soient liés à des mesures obligatoires visant à réduire la pollution de l'air".
Le PE se félicite par ailleurs des engagements pris par au moins dix Etats membres de l'UE visant à se débarrasser progressivement du charbon comme source d'énergie, et appellent les autres Etats membres de l'UE à faire de même d'ici 2030 au plus tard.
Selon une étude qui vient de paraître dans la revue de cardiologie European Heart Journal, la pollution de l'air se révélerait plus meurtrière que le tabac. D'après des chercheurs de l'Université de Mayence, en Allemagne, les particules fines sont responsables de la mort prématurée de 8,8 millions de personnes par an dans le monde, soit davantage que les 7,2 millions de décès par an liés à la cigarette, selon les statistiques officielles de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).