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France : la sortie du procureur de Paris relance le débat sur les violences policières en marge des manifestations des "gilets jaunes"

Xinhua | 02.06.2019 10h35

Le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz a déclaré dans une interview publiée vendredi par le quotidien Le parisien que les policiers coupables de violences lors des manifestations des "gilets jaunes" seront jugés.

"Toutes ces procédures (relatives aux violences en marge de la mobilisation des gilets jaunes) vont être analysées avec beaucoup d'attention. Il y aura des classements sans suite. Il y aura aussi des renvois de policiers devant le Tribunal correctionnel d'ici à la fin de l'année", a-t-il indiqué.

Cela prendra certes du temps mais justice se fera "dans ces affaires, comme dans toutes les autres", rassure M. Heitz qui a fait état de 174 enquêtes ouvertes, 57 dossiers clôturés dont 8 déjà confiés à un juge d'instruction.

Cette sortie du procureur de la République a vite fait réagir les syndicats de police qui ont qualifié ses propos d'annonce qui "jette le discrédit sur une institution" et fustigé une "justice politique".

"On est jeté en pâture sur la place publique après des mois de manifestations très violentes. Nous ne voulons pas qu'il y ait des condamnations presque politiques", a réagi vendredi sur Cnews, Stanislas Gaudon, secrétaire national d'Alliance Police. Alors que la déléguée nationale d'Unité SGP-police Linda Kebbab estime qu'il faudra prendre en compte "le contexte pour juger".

William Bourdon, avocat défenseur des "gilets jaunes" s'est félicité de cette annonce du procureur. "Personne n'est au dessus de la loi, il y a une culture d'impunité des policiers dans ce pays, qui a été une source d'aggravation de confiance entre les citoyens et la police", a vendredi l'avocat sur BFMTV.

Ce qui jette le discrédit sur une institution c'est qu'elle refuse que ses membres soient redevables des abus qu'ils commettent dans l'exercice de leur fonction, a ajouté M. Bourbon tout en rappelant qu,il n'y a jamais eu en un temps aussi bref autant de violences illégitimes contre les manifestants en France.

Malgré les assurances du procureur de la République certains "gilets jaunes" restent prudents. C'est le cas de Jérôme Rodriguez, un des leaders du mouvement devenu symbole de la violence policière après avoir perdu son œil lors d'une manifestation à Paris.

"Enfin les choses bougent mais toujours un point de réserve et de manque de confiance du fait que le procureur est nommé par le président de la République donc dépendant de l'Etat", a déclaré à Huffington Post M. Rodriguez.

La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a déclaré sur LCI vendredi que les forces de l'ordre ont été "exemplaires" mais que ceux d'entre eux qui sont coupables de "violences illégitimes" doivent être "sanctionnés". Sibeth Ndiaye a également insisté sur l'indépendance de la justice en France en réponse aux syndicats qui ont dénoncé une "justice politique".

Depuis le 17 novembre, début de la mobilisation des "gilets jaunes", il y a eu 2448 blessées côté manifestants et 1797 parmi les forces de l'ordre a rappelé le procureur de la République.

(Rédacteurs :Yishuang Liu, Gao Ke)
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