Dernière mise à jour à 08h38 le 12/07
Le ministre français de la Transition écologique, François de Rugy, est au cœur d'une polémique relative à son train de vie dispendieux. Dans une enquête publiée mercredi, et intitulée "La vie de château sur fonds publics des époux de Rugy", le site d'information Mediapart révèle que M. de Rugy, alors président de l'Assemblée nationale, a organisé une dizaine de dîners somptueux avec de l'argent public.
Selon l'enquête, il s'agit de dîners privés, parfois organisé par son épouse, et qui mobilisent le personnel et les moyens de l'Assemblée nationale. Mediapart a encore fait de nouvelles révélations ce jeudi portant sur les travaux de rénovation effectués par le couple de Rugy dans leur appartement privé du ministère, qui ont coûté 63 000 euros au contribuable.
Parmi ces travaux figurent l'installation d'un dressing sur mesure qui a coûté 17 000 euros, 35 000 euros pour "rafraîchir" les murs ou encore 6 000 euros pour la rénovation de deux salles de bains, détaille l'enquête.
Ces révélations ont suscité une vague d'indignation au sein de la classe politique, notamment de l'opposition.
"A mes yeux, la démission de François de Rugy du gouvernement s'impose", a déclaré mercredi à la presse l'ancienne ministre de l'Ecologie Delphine Batho qui a jugé "moralement inacceptables" les "dîners privés fastueux" et souligné que l'argent public ne devrait pas être utilisé à des fins privés.
"Je remercie l'écologiste de châteaux pour les conseils de vertu et d'exemplarité qu'il nous a conférés comme Président de l'Assemblée", a raillé sur son compte tweet, le député de la France insoumise (LFI) Adrien Quatennens. "de Rugy affirme que ces dîners étaient liés à l'exercice de ses fonctions... digestives", a ironisé, à son tour, le député du Rassemblement national (RN) Gilbert Collard.
Mais le ministre de la Transition écologique est depuis mercredi monté au créneau pour se défendre, en contestant le caractère privé de ces dîners. Il s'agit de "dîners informels" liés à l'exercice de ses fonctions. "J'assume que ma femme ait participé à l'organisation de ces dîners. Nous n'avons rien à nous reprocher", s'est défendu mercredi M. de Rugy sur France Inter.
Le ministre a également publié sur son compte Facebook dans la nuit de mercredi à jeudi ses réponses sur le sujet, notamment sur les travaux de rénovation qu'il a justifiés par la vétusté de son appartement de fonction du ministère.
"Si le montant des différents travaux réalisés est important, il est lié au caractère très particulier des lieux où ils ont été effectués : l'Hôtel de Roquelaure, comme d'autres ministères, est un élément du patrimoine français", a écrit M. de Rugy, qui "conserve" la confiance du président de la République et du Premier ministre, selon la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye.
M. de Rugy a cependant limogé sa directrice de cabinet Nicole Klein, également citée dans un autre article de Mediapart, pour avoir conservé pendant douze ans son HLM parisien sans y habiter. "C'est François de Rugy qui souhaite expressément que je parte", a confié à Ouest France Mme Klein, tout en reconnaissant n'avoir pas quitté son appartement par "facilité et négligence".
Après une campagne présidentielle marquée par l'affaire Fillon, la majorité présidentielle a décidé de faire de la moralisation de la vie politique son crédo. Plusieurs ministres proches d'Emmanuel Macron, accusés ou soupçonnés d'utilisation illégale de l'argent public ont quitté le gouvernement. C'est par exemple le cas des ministres du MoDem, parti membre de la majorité, cité dans une enquête préliminaire sur les soupçons d'emplois fictifs de leurs assistants parlementaires.
Ou encore le départ du gouvernement de l'actuel président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, accusé par une enquête du canard Enchaîné, d'avoir favorisé en 2011 son épouse dans un marché immobilier alors qu'il était directeur général des Mutuelles de Bretagne.