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Brexit: l'accord des 27 de l'UE pour un nouveau délai est un pas en avant de la part des Européens, selon un économiste français

Xinhua | 30.10.2019 08h55

L'accord des 27 de l'Union européenne (UE), pour consentir un nouveau délai au Brexit du Royaume-Uni, est un pas en avant de la part des Européens qui n'ont pas voulu se placer sur un registre extrémiste, a indiqué l'économiste français Pascal Ordonneau dans une interview accordée mardi à Xinhua.

"Ce délai laissera du temps aux Britanniques pour que les questions de politiques intérieures soient mises à plat, mais le report, 'deal' ou 'no deal', fixé pour le mois de janvier ne sera pas à nouveau discuté", a souligné M. Ordonneau, secrétaire général de l'Institut de l'Iconomie et ancien PDG d'HSBC Invoice Financing.

"L'UE entend montrer qu'elle laisse suffisamment de temps au Royaume-Uni pour que la négociation revienne dans un esprit apaisé", a-t-il expliqué.

Selon M. Ordonneau, il est probable qu'un report du Brexit permettrait d'améliorer la façon dont les entreprises françaises devront en aborder les conséquences, 54% d'entre elles, selon la publication d'une étude, n'ont pas encore étudié l'impact du Brexit.

Mais, faire traîner le Brexit serait très dommageable pour les Européens comme pour les Britanniques sur le plan politique, social et économique, a souligné l'auteur de plusieurs ouvrages sur les monnaies cryptées.

Il a noté que sur le plan social, les conséquences pour les individus vont être lourdes : les européens vivant au Royaume-Uni vont devoir changer leur façon de considérer l'avenir ; beaucoup retournent en Europe. Sur le plan économique, Les décisions d'investissements sont freinées du fait des incertitudes.

Il a indiqué que l'impact du Brexit sur l'intégration économique européenne sera lourd parce que l'économie britannique est très fortement connectée avec l'économie de l'Union Européenne. Le Royaume-Uni est le principal client et fournisseur de l'Europe. Il faut se rappeler qu'en 2018, 47 % des exportations du Royaume-Uni reposent sur l'Union Européenne et 53% en ce qui concerne ses importations.

Il a précisé que le Premier Ministre britannique, Boris Johnson, a annoncé que les droits de douane avec l'Europe seraient fortement réduits voir supprimés. Il réagissait à une inquiétude très forte au Royaume-Uni : le rétablissement des contrôles douaniers conduirait à des lourdeurs et lenteurs dans le passage des frontières.

Selon lui, plus généralement, Le départ du Royaume-Uni, comporte une menace économique : la mise en œuvre de l'UE passe par l'unification des espaces économiques au nom la liberté de circulation des biens, des personnes et des idées.

Il a rappelé que les membres de l'UE ont toujours pensé que leur Union était la meilleure voie pour une économie, plus intégrée et plus solidaire, pour le bien-être de ses habitants. Le Brexit montre que ce programme est rejeté par un des pays les plus importants mais aussi fragilise une idée de l'Europe, incontestée depuis plus de 60 ans.

En ce qui concerne l'attitude réelle de la France envers le Brexit, il a pensé que la majeure partie des Français est hostile au départ du Royaume-Uni.

D'une part, la France est un des pays fondateurs de l'Union Européenne, elle l'a voulue, à la fois comme instrument de paix en Europe et comme moyen de redresser la puissance européenne que deux guerres mondiales avaient ruinée. En tant que pays qui a soutenu ce projet et y a fait adhérer d'autres pays, au départ étrangers à ce mouvement vers l'Union, il est clair que le Brexit est une vexation.

D'autre part, les Anglais avaient eu un rôle essentiel dans la résistance contre le régime nazi et dans la seconde guerre mondiale. Pour beaucoup de Français, la tentation isolationniste de l'Angleterre était une aberration venue du passé. Pour la plupart des Français, gouvernement en tête ainsi que les milieux commerciaux, le Brexit est la défaite d'une grande idée et une absurdité économique.

Face au Brexit inévitable, il a proposé que la France œuvre pour un approfondissement de l'actuel Union Européenne et abandonne l'idée de l'élargir.

"L'élargissement a comporté pas mal de désillusions. On a maintenant conscience que l'UE est allée trop vite", a-t-il indiqué, en soulignant que l'Europe doit renforcer l'Union sur la défense, les technologies nouvelles et la gestion des ressources durables.

"Se renforcer, c'est investir dans la recherche, les capacités de production modernes et la formation des hommes. Ou plus simplement, c'est faire de l'Europe, une belle idée, un beau monde qui fait rêver", a-t-il conclu.

(Rédacteurs :实习生2, Yishuang Liu)
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