Dernière mise à jour à 09h27 le 29/09
Le Haut conseil des finances publiques (HCFP), organisme indépendant rattaché à la Cour des comptes de France, a jugé "volontaristes" les prévisions de croissance économique du gouvernement pour 2021 à hauteur de 8%, dans son avis publié ce lundi.
Le HCFP a examiné le projet budgétaire du gouvernement pour 2021 et estime qu'en raison de la crise sanitaire entraînée par l'épidémie de COVID-19, "les incertitudes demeurent exceptionnellement élevées (...) et fragilisent les exercices de prévisions macroéconomiques et de finances publiques et rendent délicate son appréciation des finances publiques du scénario du projet de loi de finances pour 2021".
Dans ce contexte, le Haut Conseil considère que le niveau d'activité qui serait atteint en 2021 dans le scénario du Gouvernement (-2,7% par rapport à 2019), "très dépendant de l'évolution de la situation sanitaire, est plausible" tout comme la prévision d'inflation et d'emploi.
Pour 2020 et 2021, le Haut Conseil indique que le solde public nominal prévu pour 2020 et 2021 (respectivement -10,2 et -6,7 points de PIB) est atteignable "mais cette prévision est affectée par les très fortes incertitudes qui entourent les conditions sanitaires et les évolutions macroéconomiques".
Le solde structurel présenté par le Gouvernement se dégraderait de 1,2 point entre 2019 et 2021 et s'établirait à -3,6 points de PIB en 2021. Le solde structurel prévu en 2021 serait ainsi inférieur de 2,4 points à celui inscrit dans cette loi de programmation, soit un écart important au sens de la loi organique de décembre 2012.
Le Haut Conseil relève que la loi de programmation de janvier 2018 constitue désormais "une référence dépassée", qu'il s'agisse "du scénario macroéconomique ou de celui de finances publiques" et estime nécessaire l'adoption "dès le printemps 2021" d'une nouvelle loi de programmation des finances publiques "fixant une nouvelle trajectoire d'évolution du PIB et du PIB potentiel ainsi que de finances publiques".
Enfin, le Haut Conseil constate que le ratio de dette publique de la France s'établirait, en 2021, 18 points de PIB au-dessus de son niveau d'avant-crise et 22 points au-dessus de celui prévu par la loi de programmation. "Cette augmentation massive, résultant d'un choc aussi violent qu'inédit sur l'activité et de la réponse budgétaire apportée, intervient après une décennie quasi ininterrompue de hausse de la dette", a-t-il commenté.
"Dans un contexte de croissance potentielle affaiblie rendant plus difficile la réduction du déficit, la soutenabilité à moyen terme de la dette publique constitue un enjeu central de la stratégie financière de la France et appelle à la plus grande vigilance", a souligné le HCFP.