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France : la deuxième journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites

Xinhua | 01.02.2023 08h13

Ce mardi 31 janvier, la mobilisation contre la réforme des retraites du gouvernement français reste massive, après un premier acte déjà très suivi, le 19 janvier dernier. Le bras de fer se poursuit donc entre le gouvernement et les forces d'opposition à ce projet phare du deuxième quinquennat d'Emmanuel Macron, une réforme "indispensable" d'après le président.

Tandis que le ministère français de l'Intérieur a recensé plus de 1.272.000 personnes ayant manifesté dans toute la France, la Confédération générale du travail (CGT) a pour sa part fait état de 2,8 millions de manifestants partout dans le pays.

A Paris, le cortège s'est élancé à 14H15 (13H15 GMT) de la place d'Italie, dans le 13e arrondissement, avec à sa tête les représentants de l'intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) derrière la banderole "Réforme des retraites : travailler plus longtemps, c'est non" pour se terminer en fin d'après-midi place Vauban, dans le 7e arrondissement.

Des manifestations se déroulaient également dans de nombreuses communes de France, y compris dans des villes petites ou moyennes. Dans le bras de fer qui oppose l'intersyndicale et la plupart des partis politiques au gouvernement, l'importance de la mobilisation joue un rôle crucial. L'objectif de ce "mardi noir" : une mobilisation plus large que lors du premier acte le 19 janvier.

La circulation des transports en commun a connu d'importantes perturbations durant cette journée. A Paris, de nombreuses stations de métro étaient fermées et une ligne de métro (3bis) a même été complètement interrompue. La plupart des lignes de métro n'étaient que partiellement ouvertes et seules les lignes automatiques (1 et 14) circulaient normalement.

A la SNCF, il fallait compter en moyenne deux trains sur dix sur le trafic des trains régionaux (TER), un train sur trois voire un train sur dix sur le réseau francilien (RER et Transilien), et un train sur trois en moyenne sur les TGV Inoui et Ouigo.

Cheminots, enseignants, personnels soignants, employés de raffineries, étudiants, lycéens ... de nombreux secteurs étaient mobilisés, mais avec un taux de grévistes toutefois sensiblement inférieur au 19 janvier. Ainsi le taux d'enseignants grévistes était de 26,65 % dans le primaire et de 25,22 % au collège et au lycée, soit une moyenne de 25,92 %, selon le ministère de l'Education nationale, alors que lors de la première journée de mobilisation, le 19 janvier, le taux d'enseignants grévistes était de 42,35 % dans le primaire et de 34,66 % dans le secondaire.

Moins de deux semaines après la première journée de mobilisation qui avait rassemblé entre un et deux millions de manifestants, les syndicats se voulaient confiants. Le numéro un de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), Laurent Berger a affirmé mardi qu'il y avait "plus de monde" dans la rue qu'au 19 janvier, peu avant le départ du cortège parisien.

Au final, les chiffres de la participation du 31 janvier font état d'une progression sensible par rapport au 19 janvier. Selon la CGT, qui fournit son propre décompte, 205.000 personnes auraient manifesté ce mardi dans les rues de Marseille, contre 145.000 personnes le 19 janvier, tandis que la police estimait à 40.000 le nombre de manifestants, contre 26.000 le 19 janvier dans la cité phocéenne. A Paris, le rassemblement aurait totalisé 500.000 personnes d'après la CGT, et 87.000 d'après la Préfecture de police, tandis que les mêmes dénombraient respectivement 400.000 et 80.000 manifestants dans la capitale le 19 janvier. Les petites et moyennes villes ont pour leur part connu des mobilisations importantes, en hausse par rapport au premier acte du 19 janvier, d'après les chiffres des autorités.

Répondant à un appel lancé par le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), Fabien Roussel, le 24 janvier, des mairies de gauche ont fermé leurs services municipaux le mardi 31 janvier. Une fermeture symbolique en solidarité avec la contestation contre la réforme des retraites, appliquée par de nombreux édiles, dont la maire de Paris, Anne Hidalgo, afin de permettre aux agents municipaux de se rendre aux manifestations.

Depuis Marseille, le chef de file de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a promis qu'il y aurait "un avant et un après cette grève du 31 janvier". Lors de son intervention durant la manifestation à Marseille, il a estimé : "M. Macron est certain de perdre cette bataille des retraites. Nous sommes en train de vivre une mobilisation historique."

Pour Fabien Roussel, également député du département du Nord, qui manifestait à Paris, c'est un "deuxième succès" grâce à l'unité des syndicats, grâce à cette intersyndicale (...) et cela montre que "tous les efforts de pédagogie faits par le gouvernement ces derniers jours n'ont servi à rien".

Trois semaines après la présentation du texte par la Première ministre française Elisabeth Borne, le projet de loi de réforme des retraites est examiné par les députés depuis le lundi 30 janvier en commission des Affaires sociales. L'article 1 du projet de loi, qui prévoit la disparition des régimes spéciaux de retraites, a déjà été actée par l'Assemblée nationale. Ainsi, les régimes de retraite de la RATP, des industries électriques et gazières ou encore de la Banque de France, disparaîtront si la réforme entre en vigueur.

A la veille de cette nouvelle journée de mobilisation, M. Macron a défendu la mesure phare de son quinquennat depuis La Haye, aux Pays-Bas, lors d'une conférence de presse, estimant que cette réforme était "indispensable quand on se compare en Europe" et pour "sauver notre système" par répartition.

Mme Borne avait quant à elle déclaré le week-end écoulé que le report de l'âge de départ à la retraite n'était "plus négociable". D'après un sondage Odoxa-mascaret dévoilé ce mardi, les cotes de popularité du président et de la cheffe du gouvernement ont décliné de cinq points dans la période récente.

Le projet de loi sur la réforme des retraites devra ensuite être examiné en séance publique de l'Assemblée nationale du 6 au 17 février, avant d'être transmis au Sénat. Du côté des syndicats, le mouvement ne s'arrêtera probablement pas là. Suite à une réunion intersyndicale à la fin de la journée à Paris, les syndicats ont annoncé deux nouvelles journées de mobilisation les 7 et 11 février.

(Rédacteurs :孙鸿宇, Ying Xie)
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