Les progrès technologiques font que les véhicules sans pilote attirent la convoitise.
Au moins cinq pays négocient actuellement avec la Chine pour l'achat de son drone Wing Loong qui est développé au niveau local.
«Le Wing Loong est très compétitif sur le marché international et nous en avons livré à au moins trois clients»,a déclaré Ma Zhiping, directeur général de la China Aviation Technology Import-Export Corporation (CATIC), lors de la 50e édition du Paris Air Show.
La compagnie de Ma est le plus grand exportateur de l'aviation, des produits de défense en Chine, en étant fortement représenté sur le marché de l'aviation militaire. L'entreprise appartient au groupe chinois Aviation Industry Corp, l'avionneur leader du pays.
Créé en 1909, le Salon du Bourget est organisé chaque année impaire à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris. Le show 2013 a commencé lundi et durera jusqu'à dimanche.
Pour Ma Zhiping, la rétroaction des clients pour le Wing Loong est «très positive».
«Nos clients sont satisfaits de la performance du drone. Leurs utilisations du Wing Loong ont témoigné de son excellente capacité de combat, une grande maniabilité ainsi que la commodité d'entretien», les performance réelles du drone ayant dépassé les spécifications de conception».
Selon la CATIC, l'engin a été développé indépendamment par la Chine avec une propriété intellectuelle complète pour répondre aux exigences du marché international. Le projet a débuté en 2005 et son premier vol a eu lieu en 2007. La maquette du drone avait été dévoilée lors du salon de Zhuhai en 2008 et un modèle a même été exposé lors de l'édition de 2012, suscitant une grande attention de la part des passionnés d'aviation et des observateurs militaires étrangers.
L'appareil peut effectuer un large éventail de tâches telles que des frappes de précision et de longue durée, ainsi qu'une reconnaissance à longue distance. En juin 2006, le gouvernement a donné le feu vert pour son exportation.
En plus d'être utilisé à des fins militaires, le drone peut aussi servir dans des programmes dans le civil et dans le domaine scientifique comme l'évaluation des catastrophes, la protection de l'environnement et atmosphérique, et dans les recherches météorologiques, a indiqué la compagnie.
Le drone possède une autonomie de plus de 3000 kilomètres et une capacité de charge de 200 kg.
Toutes les techniques employées sur le Wing Loong ont été développées par des chercheurs chinois sans aucune aide étrangère, a précisé Nie Haitao, directeur adjoint de l'AVIC Chengdu Aircraft Design and Research, qui a conçu le drone.
«Dans la phase initiale du développement de Wing Loong, seuls neuf chercheurs ont été désignés pour participer à ce travail, la plupart étant de jeunes professionnels sans beaucoup d'expérience», a-t-il rappelé. «Pourtant, ils ont réussi et maintenant vous pouvez voir qu'ils ont réalisé un excellent travail».
Les Emirats arabes unis et l'Ouzbékistan ont mis en place plusieurs drones Wing Loong, selon la revue Kanwa Defense, un magazine en ligne canadien spécialisé dans les affaires de défense et de technologie des armes.
«Actuellement, cinq à six nations d'Afrique et d'Asie ont fait part de leur intention d'acheter plusieurs appareils et nous sommes en pleine négociation», a souligné le responsable.
En ajoutant que plusieurs pays étrangers espèrent que son entreprise pourra introduire plus de drones chinois avec une technique plus avancé.
«Bien sûr, en tant que fournisseur de matériels de défense, nous sommes prêts à introduire plus d'armes de pointe sur le marché international. Mais c'est le gouvernement qui a le dernier mot».
Voyant une belle opportunité pour les drones chinois sur le marché mondial, les experts de l'aviation ont toutefois rappelé que la Chine était toujours à la traîne dans de nombreux aspects de l'industrie UAV.
La Chine se montre pour le moment toujours incapable de produire un engin aérien sans pilote pouvant rivaliser avec le fameux RQ-4 Global Hawk américain, selon Wang Yangzhu, directeur adjoint de l'Institut de système aéronefs sans pilote dépendant de l'Université d'aéronautique et d'astronautique de Beijing.
«Si nous classons les capacités d'automatisation de drone sur un barème de 10,la note la plus élevé, la Chine ne pourra obtenir que cinq ou six», a-t-il dit.
«La capacité d'un drone ne doit pas être jugée seulement sur sa vitesse et son altitude, sa capacité à effectuer des missions variées a plus de sens».
L'Institut de Wang est l'un des trois instituts universitaires en Chine a être spécialisé dans les drones. Les deux autres établissements étant l'Université d'aéronautique et d'astronautique de Nanjing dans la province de Jiangsu et l'université polytechnique de la Chine du nord-ouest dans la province de Shaanxi.
Il a insisté sur le fait que les efforts de la Chine pour développer des drones avancés sont hantés par une incapacité de longue date dans la résolution de certaines technologies clés, y compris les moteurs et les liaisons de données, notant que l'industrie aéronautique du pays devait résoudre une multitude de blocs techniques.
«Bien que nous soyons en mesure de fabriquer nos propres drones, nous ne pouvons pas produire des techniques aussi avancées que le RQ-4 Global Hawk, qui est maintenant le drone phare en service devant le Northrop Grumman X-47B. L'obstacle le plus important à franchir restant le problème concernant le moteur».
Il a expliqué que la liaison de données et des dispositifs électroniques aéroportés utilisés sur les drones chinois ont pris du retard par rapport à leurs homologues américains.
En revanche, malgré les propos de Wang, de nombreux observateurs militaires étrangers ont déclaré que les drones chinois sont plutôt compétitifs sur le marché international en termes de caractéristiques techniques, de performances et de prix.
Wendell Minnick, chef du bureau Asie à Defense News, avait expliqué concernant les drones chinois (dans un ancien rapport sur le site internet de VOA), que beaucoup d'entre eux étaient produits spécifiquement pour le marché de l'exportation, et que ces appareils restaient très attractifs pour de nombreux pays en voie de développement.
«Aux Etats-Unis, les exportations de drones sont des plateformes très coûteuses et très sophistiquées. Les Chinois produisent un modèle beaucoup moins cher qui fait essentiellement le même travail», a noté Minnick. «Les Chinois sont à la recherche d'un marché à l'exportation en pleine croissance».
«La Chine a intensifié la recherche au cours des dernières années, bien plus rapidement, que n'importe quel autre pays. En exposant son premier modèle de système sans pilote au salon aéronautique de Zhuhai il y a cinq ans, a l'heure actuelle tous les grands fabricants de l'armée chinoise dispose d'un centre de recherche consacré aux systèmes sans pilote», selon un rapport publié en juillet par la Defense Science Board, un groupe d'experts chargé de conseiller le ministère américain de la Défense sur les questions scientifiques et techniques, cité par le New York Times.
«La Chine pourrait combler rapidement ses lacunes en matière de technologie et devenir un concurrent redoutable au niveau mondial pour l'utilisation de systèmes sans pilote».