Dernière mise à jour à 16h10 le 27/03
Un garçon d'une école primaire pratique le tai-chi pendant une pause en 2015 dans le comté de Wenxian (Province du Henan), où des cours de tai-chi sont offerts depuis 2001. Xu Hongxing / Pour le China Daily. |
Pour les habitants du village de Chenjiagou, lieu de naissance du tai-chi, les plus de 10 ans d'attente pour voir cet art martial reconnu mondialement devenir un élément du patrimoine intangible chinois pourraient bientôt arriver à leur fin.
La Chine a en effet nommé le tai-chi pour l'inscription à la Liste du patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO, une décision finale devant intervenir en fin d'année.
Selon Zheng Aizhen, président du comité de Wenxian de la Conférence consultative politique du peuple chinois, le principal organe consultatif politique du pays, la demande, présentée par le comté de Wenxian dans la Province du Henan, est en préparation depuis 2006, date à laquelle la Chine a rédigé sa première liste nationale du patrimoine immatériel et y a inclus le tai-chi.
« Pendant la dernière décennie, nous avons collecté des matériaux, rassemblé beaucoup de maîtres et d'experts pour discuter de la culture du tai-chi et tenter de restaurer l'histoire séculaire du tai-chi », a dit M. Zheng. « En tant qu'héritage chinois traditionnel précieux, nous avons tous la responsabilité de le protéger ».
La Chine a tenté de faire obtenir le statut de l'UNESCO à cet art martial en 2008, mais, selon un article du Wall Street Journal, sa demande -l'une des 35 faites par la Chine cette année-là- a été retirée après une évaluation jugée « trop vague ».
L'année suivante, les règles ont été modifiées pour limiter à deux nominations par pays seulement, qui, pour la Chine, ont été l'Opéra de Pékin et l'acupuncture. L'une comme l'autre ont d'ailleurs été inscrites la liste.
La dernière tentative d'inclure le tai-chi arrive dans un contexte de spéculations selon lesquelles la Corée du Sud et le Japon pourraient procéder à des nominations similaires.
Selon Zhang Liyong, député à l'Assemblée nationale populaire, président de la haute cour populaire du Henan, la situation est urgente : « La Corée du Sud et le Japon essayaient de faire inscrire le tai-chi. La Corée du Sud a déjà fait inscrire le Festival des bateaux-dragons comme lui appartenant, c'est pourquoi nous devons être vigilants ».
M. Zhang se réfère à la décision de l'UNESCO d'accorder un statut de patrimoine immatériel au Festival Gangneung Danoje en 2008, ce qui a provoqué la colère de certains Chinois qui ont alors soutenu que cet événement provient du Festival des bateaux-dragons et ont accusé les Nations Unies d'approuver l'appropriation par la Corée du Sud d'un élément de la culture chinoise. L'UNESCO a néanmoins ajouté le festival chinois à la liste en 2009.
Selon Chen Xiaowang, un maître de tai-chi, les prétentions selon lesquelles le tai-chi a été inventé en Corée sont basées sur un personnage fictif d'un roman de kung-fu de l'écrivain hongkongais Louis Cha. Mais l'histoire de cet art martial, a-t-il précisé, peut remonter jusqu'à son créateur Chen Wangting, au milieu du 17e siècle.
« Si nous échouons à nouveau dans notre demande, ou si la Corée du Sud réussit à faire reconnaitre la sienne, ce sera vraiment dommage », a souligné M. Chen.
Zhu Xianghua, 40 ans, fils du maître de tai-chi Zhu Tiancai, a quant à lui déclaré avoir un devoir croissant de protéger la culture tai-chi. « Ce n'est pas seulement une activité traditionnelle, elle est profondément enracinée dans de nombreux domaines de la culture chinoise, comme la médecine, l'esthétique et la mécanique », a-t-il précisé.