Mardi, Feng Jianlin (à gauche)et ses deux partenaires Liqin Liu (au centre) et Shi Richeng, partent à la recherche des enfants disparus de Taiyuan, dans la province du Shanxi. Sun Ruisheng/China Daily. |
Avec un mélange d'anxiété et d'espoir, Feng Jianlin a pris la route mardi pour la quatrième fois, à la recherche dans tout le pays de sa fille disparue.
Mais cette fois, le voyage sera un peu différent pour l’homme de 38 ans, car il sera suivi par des milliers de sympathisants à travers son microblog.
Aux alentours de 14h50, Feng, avec que ses compagnons Shi et Liu Richeng Liqin, ont quitté la ville de Taiyuan dans la province du Shanxi au nord de la Chine.
Tous les trois ont déclaré avoir confiance quant à retrouver leurs enfants, ainsi que d'autres jeunes disparus.
Feng, qui dirigeait un magasin de pneus, a renoncé à son entreprise et se consacre entièrement à la recherche d’enfants disparus, depuis la disparition de sa propre fille, Feng Yun, qu’il n’a plus revu, alors qu'elle se rendait à l'école pour suivre les classes de l'après-midi en mars 2008.
«À ce moment-là, ma fille n'avait que 9 ans. Depuis, je porte toujours une photo d’elle sur moi» , a-t-il confié, ajoutant que ses précédentes misions ont permis à dix enfants d’être à nouveau réunis avec leurs familles.
Cette fois-ci, Feng se rendra dans les provinces où la traite des enfants demeure un problème, comme le Henan, Shandong, Anhui ou encore le Jiangsu. Il ne sait pas combien de temps durera le voyage.
Le van du trio affiche un tableau d’informations de plus de 300 enfants disparus, ainsi que des dépliants avec des photos.
Feng a parcouru des milliers de kilomètres et rencontré de nombreux parents dans des situations similaires. Mais après la mise en place de xunzi.cc, un site Web qui recueille des informations sur les jeunes disparus, en 2011, il a réalisé qu’Internet pourrait être un outil plus puissant pour retrouver les enfants.
Le site contient des informations sur près de 400 enfants disparus, tous fournis par leurs parents. Les Voyages de Feng attirent maintenant des centaines de jeunes volontaires.
«Je reçois une allocation du gouvernement, environ 700 yuans (112 $) par mois. Mais mon pouvoir est trop petit», a déclaré Feng, à la peau tannée et à la voix rauque. "Parfois, j’ai vu des gens élaborer des campagnes de lutte contre la traite à travers les microblogs. J'ai pensé que ce serait un bon outil et j’ai donc ouvert un compte. "
Au mois d’aôut, Feng et son épouse sont venus à Beijing pour rencontrer les dirigeants de Sina Weibo, la plus grande plateforme chinoise de microblogging.
«Je savais que je devais diffuser de nombreuses informations et photo de de ma fille», a-t-il dit. "J'ai essayé de demander de l'aide aux médias et à des agences de publicité, mais cela était difficile et très coûteux, je ne peux me le permettre."
Mais quand il a commencé à publier des informations sur les enfants disparus sur son site Web et son microblog, il a soudain reçu plus d'attention et suscité plus de réactions de la part du public.
"Le microblog, ce qui n'est pas limité par le temps et l'espace, a beaucoup plus d'influence sur la recherche des enfants», a-t-il souligné.
Bei Xiaochao, responsables des organismes de bienfaisance des microblogs de Sina Weibo, a déclaré qu'il admirait Feng et lui a donné quelques conseils sur la manière de développer son blog pour attirer plus d’internautes.
«La publication d'informations sur les enfants disparus en ligne peut apporter de plus grands effets sociaux», a-t-il expliqué. "Plus de gens vont faire attention et transmettre l'information, tandis que ceux qui veulent apporter une précision pourront rapidement laisser des commentaires».
La division de charité des microblogs Sina a également coopéré avec des organisations de collecte de fonds en ligne pour solliciter la contribution du public, a précisé Bei.
Lors de la visite de Feng à Beijing, il a également rencontré Deng Fei, un microblogueur oeuvrant pour la charité, qui a parrainé le voyage de cette année.
Le site de Feng a un avantage parce que toutes les informations sont fournies par les parents des enfants, ce qui est plus efficace pour espérer retrouver les enfants disparus, a reconnu Bei.
«Je lui ai aussi suggéré d’enregistrer ses expériences le long de son parcours et de mettre régulièrement à jour son microblog. Ainsi que publier plus de photos et de recueillir des informations en ligne, cela pourra être plus facilement suivi par le biais de l'Internet», a-t-il précisé.
Nan Xiaojing, une ouvrière d'usine de 45 ans dans le Shanxi, a été touchée par l'histoire de Feng. «La traite des enfants est également arrivée dans mon usine. Deux femmes en moto ont pris l'un des enfants de mon collègue il y a quelques années, mais elles ont été retrouvées plus tard»,a-t-elle raconté. «Si une famille perd un enfant, c’est une épreuve terrible pour les parents».
Nan souhaite rejoindre l’équipe et apportera sa contribution si le van de Feng vient dans sa région.
Liang Jiansheng, 45 ans,enseignant à Taiyuan, ne pense pas que les efforts de Feng conduiront à retrouver davantage d'enfants disparus.
Pour ce professeur: «Pour rechercher un enfant disparu, on ne peut pas compter que sur les résidents ou les organisations de protection. l'attention et l’action du gouvernement sont indispensables».