Selon un nouveau projet de loi, les candidats étrangers ayant une expérience de direction dans de grandes multinationales et les meilleurs spécialistes en éducation et en sciences seront éligibles à une demande de visa pour talents en Chine.
Un projet sollicitant les opinions des initiés des affaires gouvernementales et des experts laisse entendre que la Chine a mis en évidence les points clés pour évaluer s’il y a un « besoin urgent » d’un professionnel étranger, une question qui a suscité beaucoup de débats depuis l’adoption de la loi sur l'administration des entrées et sorties en juin de l'année dernière.
Les professionnels dont il y a un « besoin urgent », comme il est indiqué dans la loi, seront donc en mesure de demander le nouveau visa pour talents, qui accorde un droit de séjour pouvant aller jusqu'à cinq ans, ou pour plusieurs entrées pour un maximum de 180 jours chaque fois.
Selon le projet transmis au China Daily par un initié qui a demandé à rester anonyme, cinq grands types de professionnels peuvent être placés dans la réserve de talents :
• les cadres de direction dans des entreprises de renommée mondiale, des institutions financières, des cabinets comptables et des bureaux d'architecture, avec une connaissance approfondie du domaine et de ses règles internationales ;
• les spécialistes de haut niveau dans des entreprises de renommée mondiale, des institutions financières, des cabinets comptables et des bureaux d'architecture, avec des droits de propriété intellectuelle indépendants et des technologies-clés ;
• les professionnels supérieurs de la science et de l'éducation dans des universités et institutions de renommée mondiale, avec un rang égal à celui de professeur et qui ont apporté de grandes contributions au développement d'un domaine particulier;
• les personnes de renom mondial dans le domaine de la culture, des arts et du sport, ou les lauréats de grands prix internationaux dans leur domaine;
• et les autres talents internationaux haut de gamme dont la Chine a un besoin urgent.
Cependant, selon l'initié, le projet en est encore à ses débuts et est sujet à changement après évaluation des commentaires des ministères et des experts.
La loi sur l'administration des entrées et sorties, qui entre en vigueur aujourd’hui lundi est considérée comme faisant partie des efforts de la Chine pour attirer les talents du monde entier en leur offrant des précisions détaillées et pratiques sur l'entrée, le séjour et la sortie des résidents étrangers.
Wang Huiyao, Directeur du Centre à but non lucratif pour la Chine et la mondialisation, estime que le visa pour talents constitue une commodité pour les professionnels de haut niveau venant de l'étranger qui souhaitent travailler en Chine.
« Les échanges de talents du monde entier sont beaucoup plus fréquents que par le passé, et un gouvernement offrant des conditions favorables pour qu'ils puissent entrer et sortir peut obtenir plus de soutien intellectuel », a précisé l'initié.
Il a ajouté que la décision de la Chine est conforme à la tendance mondiale d'alléger les obligations relatives aux visas pour attirer les talents venant de l'étranger.
Selon les Nations Unies, plus de 30 pays ont adopté des politiques destinées à faciliter les voyages et rendre le traitement des visas plus facile pour les talents depuis 2005, soit 17 pays développés, comme les Etats-Unis, et 13 pays émergents et en développement.
Liu Guofu, un spécialiste du droit de l'immigration à l'Institut de Technologie de Beijing, estime que même si le projet vise à attirer des talents du monde entier, il n'est pas encore assez précis.
Il a précisé qu’un catalogue d'orientation destiné aux étrangers travaillant en Chine est également en cours d'élaboration, qui comprendra les secteurs spécifiques qui ont le plus besoin d’experts étrangers et qui sera mis à jour de temps à autre.
M. Liu a également dit qu'il ne pense pas que l'introduction d'un visa pour talents sera suffisante pour que la Chine puisse retenir les talents venus du monde entier, car les étrangers sont encore soumis à une bureaucratie excessive et à des obstacles institutionnels lors du renouvellement d'un visa, l’achat d’un bien immobilier, ou la demande d’un permis de conduire national.
« Beaucoup d'étrangers n'ont ni le temps ni l'avantage linguistique leur permettant de comprendre les dispositions complexes, qui sont dispersées dans différentes lois et règlements », a-t-il dit.
Le gouvernement devrait donc, estime-t-il, aider les étrangers à mieux comprendre les dispositions connexes pour éviter tout malentendu.