Une annonce tardive de la province de Hainan concernant la découverte d'une plantation illégale de maïs et de coton génétiquement modifiés (GM) a déclenché de vives préoccupations du public quant à la façon dont les informations en Chine, relatives aux denrées alimentaires, sont divulguées.
Un communiqué publié par le ministère de l'Agriculture provincial de Hainan, a déclaré lundi que neuf échantillons de maïs et de coton sur 107 spécimens ont été identifiés comme génétiquement modifiés et ont été immédiatement détruits fin décembre. Six échantillons suspects avaient été examinés, prélevés dans diverses fermes expérimentales exploitées par des entreprises et des instituts agricoles.
De nombreuses critiques ont fusé ne s'expliquant pas pourquoi l'agence Hainan a attendu si longtemps avant de rendre publique cette information.
Pour le ministère, les échantillons détruits et ceux soumis à l'enquête provenaient de fermes expérimentales illégales. Les autorités ont souligné que les essais sur les cultures génétiquement modifiées n'ayant pas obtenu l'autorisation du gouvernement sont formellement interdits, et ceux qui effectueront malgré tout ces tests seront punis conformément à la loi.
Le ministère s'est refusé tout autre commentaire.
Huang Dafang, un ancien membre du Comité de prévention des risques biotechnologiques du pays, en charge notamment des organismes génétiquement modifiées (OGM), a indiqué que la Chine adoptait des règlements stricts quant à l'enregistrement et la production des aliments génétiquement modifiés.
Et de précise qu' il est rare pour les scientifiques d'ignorer la procédure de certification du gouvernement et que le public ne doit pas paniquer. Ajoutant que les autorités agricoles étaient à l'affût chaque année pour traquer les plantations illégales de denrées alimentaires génétiquement modifiées.
Shi Baoding, un avocat de la province de l'Anhui, ne partage pas cet avis.
Shi a publié une lettre ouverte en septembre pour la Chine Food and Drug Administration et le Ministère de l'agriculture en leur demandant de diffuser des informations sur l'ensemble du territoire concernant les aliments GM.
Pour l'avocat, ll ne s'agit pas d'un cas unique et le bureau de l'agriculture locale aurait dû publier sa déclaration sur la destruction des échantillons de cultures GM au mois de décembre.
«Si elle était publiée en temps opportun, le public n'aurait pas tant de doutes et inquiétudes», a souligné Shi.
Au cours de la session législative annuelle du mois de mars à Beijing, Cui Yongyuan, un ancien animateur TV de talk-show, a indiqué que le maïs GM et le riz étaient cultivés illégalement à grande échelle dans les provinces productrices de céréales notamment dans le Hunan, le Hubei, le Jiangxi et Jilin.
Cui a écrit il y a peu sur son microblog que le ministère de l'Agriculture ne devrait pas faire semblant d'ignorer le problème.
Le 6 mars, le ministre de l'Agriculture Han Changfu a déclaré que le ministère ne tolérera aucune plantation illégale de cultures génétiquement modifiées.
Des certificats de biosécurité ont été délivrés en Chine pour certaines souches génétiquement modifiées comme le coton, le riz, le maïs et la papaye, a-t-il noté, et que le coton et la papaye pourraient être plantés à des fins commerciales.
Les certificats d'importation pour les cultures GM en Chine ont été accordées pour le soja, le maïs, le colza, le coton et la betterave, leur permettant d'être importés en tant que matières premières pour la transformation intérieure, a fait observer le ministère.
Le débat national sur la sécurité des aliments GM a augmenté depuis que le ministère délivre des certificats de biosécurité pour deux variétés de riz et de maïs GM résistantes aux parasites en 2009.
Les souches approuvés en 2009 ont encore besoin d'essais de production, d'une durée de trois à cinq ans, avant de pouvoir débuter une plantation commerciale, selon le ministère. La Chine a planté près de 4 millions d'hectares de GM de coton résistants aux insectes en 2013, selon un rapport en février de l'Académie chinoise des sciences agricoles.