Dernière mise à jour à 09h23 le 14/10
Trente et un couples chinois originaires de la ville de Tianjin et récemment mariés dans leur pays, s'embrassent devant le maire Jean Germain (au centre), le 7 mai 2009 à Tours. |
Interrompu avant même son ouverture le 7 avril dernier par le suicide du sénateur socialiste Jean Germain, le procès de l'affaire dite des « mariages chinois » a repris devant le tribunal correctionnel de Tours devant lequel Jean Germain, l'ancien maire de la ville, n'avait pas supporté d'être convoqué, et dont l'ombre pèsera lourdement sur les trois jours de débats. Quelques instants avant l'ouverture de l'audience, il avait mis fin à ses jours avec un fusil de chasse, semant la consternation chez les autres prévenus de l'affaire mais aussi chez les magistrats, avocats et journalistes qui l'attendaient pour l'ouverture de l'audience. Son suicide avait également ému les Tourangeaux et la classe politique française, qui lui avait rendu unanimement hommage.
L'affaire dite des « mariages chinois » tire son origine de l'organisation de « noces romantiques en Touraine » entre 2007 et 2011, qui comprenaient des visites de châteaux de la Loire, ainsi que de la ville de Tours dont le maire, ceint de son écharpe tricolore, posait pour la photo au côté de couples chinois qui venaient de renouveler symboliquement leurs vœux en France, devant lui. L'organisation de ces pseudo-mariages dépendait d'une société dont Lise Han, embauchée en 2008 au cabinet de Jean Germain, puis par la société d'économie mixte en charge du tourisme à Tours, continuait de tirer les ficelles en sous-main après avoir pourtant officiellement démissionné de ses fonctions dirigeantes.
Et c'était bien là le problème : selon les magistrats instructeurs, qui l'ont mise en examen le 25 janvier 2013 pour escroquerie, prise illégale d'intérêts et recel de fonds publics, Lise Han, originaire de Taiwan, était la gérante de fait de cette société. Cette mise en examen allait entrainer quelques mois plus tard, le 30 octobre, celle de Jean Germain pour complicité de prise illégale d'intérêts et de détournement de fonds publics. Cette mise en examen n'a sans doute pas été sans conséquences dans son échec lors des dernières élections municipales, où il briguait un quatrième mandat.
Dans une lettre d'adieu écrite avant son suicide, Jean Germain avait violemment critiqué « les actions de Mme Han et les mensonges peureux de M. (Jean-François) Lemarchand », le directeur de la société d'économie mixte qui avait recruté Lise Han après qu'elle eut été renvoyée par le maire de Tours. L'un et l'autre comparaissent depuis mardi devant le tribunal correctionnel de Tours, ainsi que Vien Loc Huynh, le gérant officiel de la société de Lise Han, et François Lagière, l'ancien directeur de Jean Germain.