Dernière mise à jour à 13h13 le 26/02
Beijing va utiliser la technologie de reconnaissance faciale pour réprimer les fraudeurs des hôpitaux, ce qui les rendra passibles de mesures de détention et de restrictions de crédit social, a annoncé le 22 février l'autorité municipale de la santé.
La Commission municipale de la santé a indiqué qu'une trentaine d'hôpitaux de la capitale avaient collecté des informations visuelles sur 2 100 fraudeurs présumés et les avaient intégrées à leurs systèmes de reconnaissance faciale. Les informations sur ces fraudeurs -dont beaucoup ont déjà été condamnés à une amende par la police- comprennent des photographies et des numéros d'identification. S'ils entrent dans un hôpital, ils seront surveillés.
Le gouvernement de la ville a par ailleurs précisé que la commission prendrait des mesures strictes cette année pour publier les noms de ces fraudeurs et leur interdire de prendre des trains à grande vitesse ou des vols, d'enregistrer des sociétés ou de solliciter un prêt bancaire.
Plus de 900 d'entre eux ont été arrêtés l'an dernier lors d'une campagne de répression à l'échelle de la ville. La commission a coopéré avec le bureau de la sécurité publique de la ville afin de mieux identifier les fraudeurs présumés. Mais désormais, avec la nouvelle technologie, une alarme sera déclenchée si un individu entre dans un hôpital.
Les autorités ont également intensifié leurs efforts pour empêcher toute fraude sur les applications d'enregistrement des hôpitaux en rompant les liens entre les applications commerciales et les plateformes d'enregistrement des hôpitaux.
La Chine s'emploie depuis des années à résoudre le problème des fraudeurs hospitaliers. Communément appelés « huangniu », ou « taureaux jaunes », ces fraudeurs prennent des rendez-vous en bloc dans les principaux hôpitaux publics, empêchant ainsi les véritables patients de le faire. Ensuite, ils vendent illégalement les rendez-vous à des prix gonflés. Ceux qui ne veulent pas payer font généralement face à de longues attentes à l'hôpital, mettant potentiellement des vies en danger.
Huang Xiaojuan, une résidente de Beijing âgée de 32 ans, a déclaré qu'elle n'a pas pu s'inscrire dans une maternité réputée lorsqu'elle est tombée enceinte l'année dernière. Son mari a trouvé un fraudeur en ligne et a acheté un billet de rendez-vous pour 3 000 yuans (447 dollars), alors même que sa valeur normale n'était que d'environ 200 yuans.
« Le fraudeur a discuté avec mon mari dans l'arrière-cour de l'hôpital et lui a dit qu'il pouvait s'inscrire auprès de n'importe quel médecin de l'hôpital si nous étions disposés à payer un prix plus élevé », a-t-elle déclaré.
« Ils ont un groupe de plusieurs responsables de tâches différentes. Certains parlent à des patients comme nous, d'autres sont chargés des relations avec les médecins et certains ne font que gérer l'argent. Ils engagent également des personnes pour faire la queue devant les fenêtres d'enregistrement s'ils ne peuvent pas joindre le médecin directement ».
En 2016, la police de Beijing a arrêté 12 personnes pour fraude aux billets de rendez-vous à l'hôpital.
De nombreux hôpitaux ont configuré leurs propres applications pour l'enregistrement afin de réduire ce fléau. Selon un médecin de l'hôpital de stomatologie de l'Université de Pékin, qui a demandé à rester anonyme, il n'y a pratiquement pas eu de fraudeurs à l'hôpital depuis le lancement de son application, et la plupart des patients choisissent désormais de s'enregistrer via l'application. « Les ressources médicales sont limitées », a dit ce médecin. « L'application peut assurer une certaine équité, car de nombreux patients ont du mal à s'inscrire aux guichets ».
Zhang He, avocat au cabinet d'avocats B&D Law à Beijing, estime pour sa part que les fraudeurs des hôpitaux devraient faire face à des sanctions sévères et que les hôpitaux devraient renforcer leur gestion afin de contrer cette pratique.