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La polémique sur la voiture à eau de la société Youngman continue

le Quotidien du Peuple en ligne | 27.05.2019 16h02

Les informations selon lesquelles une entreprise de Nanyang, dans la province du Henan (centre de la Chine), avait fabriqué une voiture pouvant rouler avec de l'eau ont suscité confusion et incrédulité, un professeur d'ingénierie affirmant que cet exploit était impossible.

Le fabricant du véhicule, China Youngman Automobile Group, aurait déclaré que le moteur pouvait convertir l'eau en hydrogène, ce qui produirait de l'électricité pour conduire le véhicule, sans pourtant révéler le processus exact.

« Ce n'est pas une théorie », a affirmé Pang Qingnian, président de la société, à l'agence de presse Xinhua la semaine dernière. « Nous avons réellement construit cette voiture et elle fonctionne. Nous voulons la commercialiser l'année prochaine. C'est notre objectif ».

Selon le comité administratif de la zone de haute technologie de Nanyang, où se trouve China Youngman, ce véhicule est le premier prototype à appliquer la technologie de génération d'hydrogène et doit encore être amélioré avant d'être mis en production de masse, .

Après avoir fait un essai, le chef du parti de la ville, Zhang Wenshen, l'a qualifié de « très bonne » dans un article paru le 23 mai. De son côté, le comité administratif a précisé que le projet, approuvé par le ministère des Sciences et Technologies en 2010, produisait une technologie brevetée et soutenue par l'Université de technologie du Hubei.

Mais les médias et les experts du secteur ont quant à eux noté que transformer de l'eau en hydrogène, même avec l'aide de catalyseurs, était contraire à la loi de la conservation de l'énergie en physique et en chimie.

« Convertir de l'eau pure en hydrogène en tant que carburant est aussi impossible que de transformer de l'eau en pétrole », a déclaré au quotidien Beijing News Sun Baigang, professeur à l'école d'ingénierie mécanique de l'Institut de technologie de Beijing, ajoutant que la fabrication d'hydrogène à partir d'eau ne peut être obtenue qu'en ajoutant d'autres produits chimiques, notamment du méthanol, du borohydrure de sodium, du magnésium ou de la poudre d'aluminium. Ce sont toutes des technologies existantes et elles ne sont pas considérées comme nouvelles dans l'industrie, a-t-il souligné.

Des membres du personnel du bureau local de l'industrie et des technologies de l'information ont déclaré le 24 mai au Beijing News que l'article de presse initial a révélé des informations inexactes qui ont conduit à un malentendu. Le projet était encore en développement et n'avait pas encore été mis en production ni approuvé par les autorités industrielles.

Selon le comité, le projet est développé par une équipe de l'Université de technologie du Hubei depuis 2006. L'équipe a commencé à coopérer avec la société il y a deux ans pour commercialiser leurs résultats scientifiques. Dong Shijie, le chef de projet de l'université, a déclaré que la technologie avait été mal interprétée et n'était pas la même chose qu'un « moteur alimenté à l'eau ». « L'eau n'est qu'un réactif. La technologie de base réside dans l'équipement, les matériaux qui produisent de l'hydrogène et les systèmes de contrôle. Dire que le véhicule ne fonctionne qu'avec de l'eau est un total malentendu », a-t-il ajouté.

De son côté, Liu Zhongmin, directeur de l'Institut de physique chimique de Dalian, une filiale de l'Académie chinoise des sciences, noté que « L'article a seulement souligné le rôle de l'eau mais n'a pas donné d'explication complète. Présenter le concept de l'eau est incomplet et trompeur ». Il estime que si le processus technologique appliqué au véhicule utilisait de l'aluminium, qui réagit avec l'eau pour produire de l'hydrogène, comme l'a expliqué le comité, avant de générer de l'énergie, le principe semblerait alors plus raisonnable.

Il a également rappelé que la science derrière les véhicules fonctionnant à l'hydrogène a déjà été concrétisée, mais que le coût réel et la manière de garantir une utilisation sûre de l'hydrogène, compte tenu de la nature inflammable et explosive de celui-ci, reste un défi majeur pour la commercialisation future du produit.

(Rédacteurs :Gao Ke, Yishuang Liu)
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