Des changements ont bouleversé la vie d'une migrante dont la photo avait touché des millions de personnes

Le rouge du froid au front, un sac bouffant dans la main gauche, un bébé porté sur le bras droit, un énorme sac rempli d'objets sur le dos qui brise presque la mère sous son poids…

C'est une image d'une photo intitulée « Bébé, maman te ramène chez nous » prise dans la gare de la ville de Nanchang, capitale de la province du Jiangxi (est de la Chine) pendant la vague des voyages de la Fête du Printemps de 2010, qui a profondément touché les cœurs de millions de personnes.

Onze ans plus tard, le photographe qui a pris la photo a retrouvé la mère, qui est maintenant âgée de 32 ans. Elle vit dans le village de Taoyuan du comté de Yuexi, dans la préfecture autonome Yi de Liangshan, dans la province du Sichuan (sud-ouest de la Chine). Le rendez-vous a révélé les énormes changements que le petit village a connus.

Ayant emménagé dans sa nouvelle maison en béton il n'y a pas longtemps, Bamu, l'héroïne de la photo, est encore parfois hantée par un cauchemar, dans lequel ses enfants sont réveillés par le froid et la maison s'effondre.

Pendant la majeure partie de sa vie, Bamu a habité dans des maisons en pisé où il n'y avait pas d'électricité. Vivre dans une maison imperméable à la pluie et au vent était son rêve.

La famille de Bamu possède 0,4 hectare de terre, sur laquelle elle plantait du maïs, des pommes de terre et du sarrasin. Les récoltes suffisaient à peine à nourrir la famille, et il ne restait pratiquement rien à épargner.

Elle a alors pris une décision audacieuse : sortir de la montagne pour gagner sa vie.

Son premier travail a été dans une usine de brique à Nanchang.

« Le salaire mensuel était de 500 à 600 yuans. Ce n'était pas beaucoup mais mieux qu'à la vie dans la montagne » s'est rappelée Bamu, précisant que sa fille cadette était constamment malade.

Avant la Fête du Printemps en 2010, elle a décidé de ramener sa fille cadette chez eux pour la réunion traditionnelle familiale. Et ce voyage lui a demandé trois jours et deux nuits pour retrouver sa famille. Maintenant, de Nanchang à son pays natal, le comté de Yuexi, il faut moins de 15 heures.

Malheureusement, sa fille cadette est morte du fait de sa maladie. « A ce moment-là, il n'y avait qu'un chemin de terre dans le village et les conditions médicales étaient trop arriérées » se souvient Bamu, « Maintenant, les enfants vont à l'école sur une large route bétonnée, et dix minutes suffisent pour y arriver. »

Quand Bamu et son mari se sont apprêtés à repartir pour travailler, le cadre du village les a informés que la police de l'éradication ciblée de la pauvreté leur avait permis de gagner de l'argent et que sa famille était inscrite dans la liste des ménages pauvres.

Par ailleurs, le gouvernement a envoyé des techniciens agricoles pour guider les villageois dans la plantation de feuilles de tabac et d'arbres fruitiers. Bamu et son mari ont donc commencé à planter du tabac.

Faute d'expérience, le couple n'a gagné que cinq à six mille yuans la première année. À partir de la deuxième année, les revenus ont commencé à doubler et la superficie de plantation est passée de 6 mu à 15 mu. L'année dernière, la famille a gagné 100 000 yuans.

En 2018, avec 40 000 yuans d'allocation à la construction de maison et 70 000 yuans de sa part, la famille de Bamu a emménagé dans son nouveau logement avec une structure en béton. Le cuiseur électrique à riz, le réfrigérateur, la machine à laver et autres appareils, tous les équipements nécessaires sont là.

Le couple continue de travailler pendant la basse saison agricole pour gagner de l'argent supplémentaire, mais la vie s'est nettement améliorée, le riz, les légumes et la viande étant désormais une routine quotidienne.

Regardant vers l'avenir, Bamu a exprimé son souhait.

« J'espère que mes enfants étudieront dur et seront en sécurité. Nous devons aller de l'avant quoi qu'il arrive, que ce soit la pauvreté ou d'autres difficultés », a-t-elle déclaré.