Dernière mise à jour à 17h34 le 20/02
Jiang Lele, 33 ans, décoratrice d'intérieur, a récemment abandonné ses plats préférés gras, salés et épicés au profit de repas légers principalement composés de légumes. « Je me sens comme un lapin, mangeant de l'herbe. La nourriture est vraiment fade », a-t-elle déclaré. « Mais c'est nutritif et sain ».
Après avoir mangé des repas sains comportant des ingrédients comme de la laitue, de la citrouille cuite à la vapeur, du poisson et des fruits du dragon pendant plus de 20 jours, son poids et sa graisse corporelle ont tous deux chuté. « Pour les employés de bureau qui passent beaucoup de temps assis et n'ont pas le temps de faire du sport, les repas légers sont un bon choix pour rester en bonne santé et en forme », a-t-elle déclaré.
Jiang Lele vit à Yinchuan, capitale de la région autonome Hui du Ningxia (nord-ouest de la Chine). Les habitants de cette région sont connus pour leur préférence pour les aliments gras et salés.
Ma Rui, qui dirige un restaurant à Yinchuan, se rend au marché local pour acheter les produits les plus frais chaque matin pour préparer plus de 20 repas légers qu'elle vend dans son restaurant. Le restaurant propose également des services de livraison en ligne : les jours les plus chargés, il traite plus de 170 commandes et reçoit plus de 3 000 commandes par mois.
« Les ingrédients manquent souvent avant la fermeture du restaurant », a déclaré Ma Rui.
Selon un rapport publié par la principale plate-forme de livraison de nourriture chinoise Meituan, au cours des neuf premiers mois de 2019, les commandes de produits alimentaires légers sur la plate-forme ont augmenté de 98% d'une année sur l'autre.
La nouvelle tendance contraste avec les habitudes alimentaires établies des Chinois -de grandes quantités de viande et de glucides sont généralement favorisées sur les tables. En 1961, l'apport calorique quotidien par habitant de la Chine était inférieur à 1 500 kilocalories. Un homme adulte a besoin d'environ 2 000 kilocalories par jour, comme le suggère l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Liu Dong, 43 ans, habitant de Yinchuan, se souvient que pendant son enfance, même manger un biscuit était un luxe : les légumes et la viande étaient rares, et la famille se contentait de légumes salés et de petits pains cuits à la vapeur presque tous les jours en hiver. « La génération de mon père a connu la famine et a souvent parlé de la grave pénurie alimentaire dans leur enfance », se souvient M. Liu. « Ils ont arraché de l'herbe et cueilli de l'écorce pour se nourrir. Qui aurait été gros à cette époque ? ».
Cependant, avec l'amélioration de la qualité de vie au fil des décennies, de nombreux Chinois sont maintenant en mesure de satisfaire leurs envies de viande et de glucides auparavant insatisfaites, et l'obésité est aujourd'hui devenue un problème de plus en plus sérieux. Selon un rapport officiel sur la nutrition et les maladies chroniques des Chinois publié en décembre, les taux de surpoids et d'obésité des Chinois âgés de 18 ans et plus sont respectivement de 34,3% et 16,4%.
« De nos jours, il y a un repas raffiné à chaque réunion », a souligné M. Liu. « Et le poids et la graisse du sang des gens augmentent ». Conscient du problème, il soutient le restaurant de repas légers de Ma Rui. Chaque fois qu'il se sent mal à l'aise après avoir mangé trop de nourriture grasse ou chaque fois qu'il trouve que son taux de graisse dans le sang est trop élevée, il se tourne vers des repas légers pendant un moment.
De son côté, Ma Rui a noté que l'épidémie de COVID-19 a encore accru la sensibilisation des gens à leur santé, car de plus en plus commencent à adopter des modes de vie auto-disciplinés. Dans les six mois qui ont suivi le confinement initial du virus en Chine, elle a réalisé des ventes égales à celles de l'ensemble de 2019.
Elle s'attend désormais à ce que la demande de repas légers continue d'augmenter. « Je prévois de transformer mon restaurant en chaîne un jour », a-t-elle dit.