Dernière mise à jour à 11h56 le 13/02
A l'approche du Nouvel An lunaire chinois de 2015, Liang Yuming a préparé chez lui le déjeuner pour un invité spécial : le président chinois Xi Jinping.
"Je lui ai servi de la cuisine maison rurale. Nous avions des légumes marinés, des gâteaux frits, du poulet, du mouton, de la citrouille... Il a mangé la moitié d'un bol de légumes marinés. Il a adoré", se souvient M. Liang, villageois de Liangjiahe, dans la province du Shaanxi, dans le nord-ouest de la Chine.
M. Xi, qui est également secrétaire général du Comité central du Parti communiste chinois (PCC) et président de la Commission militaire centrale, est retourné dans ce petit village du plateau de Loess le 13 février 2015 lors d'une tournée d'inspection dans le Shaanxi pour adresser ses voeux de la fête du Printemps aux habitants. Depuis 2013, et ce pour la neuvième année consécutive, il a fait de la visite à des Chinois ordinaires une tradition, à l'approche de la fête la plus importante du calendrier chinois.
M. Xi a commencé à vivre à Liangjiahe en 1969, comme des dizaines de millions de jeunes urbains instruits qui ont été envoyés vivre et travailler à la campagne.
Pendant les sept années qu'il y a passées, les légumes marinés ont été un élément de base de la plupart des repas. Il a mené une vie aussi humble que la nourriture présente dans son assiette.
"Pendant le séjour de M. Xi à Liangjiahe, il mangeait souvent chez moi. La vie était difficile, et il n'y avait pas grand-chose à manger", raconte Zhang Weipang, un villageois de Liangjiahe. "Nous mangions de petits pains cuits à la vapeur à base de maïs et de son, et des nouilles de sorgho. En hiver, nous mangions des légumes marinés et nous pouvions en manger pendant six mois. Chaque ménage en réservait deux jarres pour l'hiver."
Les légumes marinés du Shaanxi sont mélangés avec du sel et laissés à reposer pendant 20 jours. Leur simplicité produit ce que M. Xi appelle "un des aliments les plus délicieux".
"Je n'ai pas mangé de choux marinés depuis longtemps, et cela me manque vraiment", a dit M. Xi.
Après être devenu secrétaire du comité du Parti pour Liangjiahe en 1974, il a été le fer-de-lance d'une série d'initiatives sociales qui ont bénéficié aux villageois, notamment la construction d'un barrage et d'un réservoir de biogaz.
"Il était trop occupé pour faire la cuisine. Alors il dînait avec ma famille. Il nous donnait toute sa ration mensuelle de 20 kg de céréales. Nous mangions ensemble. Il n'a jamais été difficile. Il mangeait tout ce que nous cuisinions", poursuit M. Zhang.
Des décennies plus tard, celui qui dirigeait des centaines de personnes en dirige désormais 1,4 milliard; cela lui a donné un avant-goût des choses à venir. C'est à Liangjiahe qu'un jeune de 15 ans qui, selon ses propres termes, "ne savait rien", a appris à vivre et à travailler.
"C'est quelqu'un ! Il peut avaler les pires des aliments, et il respecte toujours même les plus pauvres", confie M. Zhang.
Les années passées à Liangjiahe lui ont renforcé sa préoccupation pour la sécurité alimentaire et la nutrition. La vie des villageois était dure, souvent aucune viande n'arrivait sur leur table pendant des mois.
"Une chose que je souhaitais le plus à l'époque était de permettre aux villageois d'avoir de la viande et d'en avoir souvent", a déclaré M. Xi dans un discours à Seattle, aux Etats-Unis, le 22 septembre 2015, se souvenant de ses premiers jours à Liangjiahe.
Aujourd'hui, pour des centaines de millions de personnes dans tout le pays, la viande n'est plus un luxe puisque la Chine a réalisé des progrès décisifs pour mettre fin à la pauvreté absolue.
Savoir ce que les gens mangent est une partie importante des tournées d'inspection que M. Xi mène dans tout le pays. Cela lui a permis de comprendre comment les gens vivent réellement.
Lors d'une inspection au Shaanxi en avril 2020, M. Xi est entré dans le restaurant Xi'an, dans une rue commerciale, et a vu les clients se régaler de plats typiques du Shaanxi. "Ce sont tous les goûts de ma ville natale", a-t-il déclaré.
"Comme le dit un proverbe chinois, la nourriture est le premier besoin du peuple. Nous avons le sentiment que le secrétaire général se soucie vraiment de l'existence des gens et qu'il aime sa ville natale", estime Xu Haijun, chef de cuisine exécutif du restaurant Xi'an.
La nourriture a également été un outil puissant pour unir les gens. Lors de sa rencontre avec Lien Chan, ancien président du parti Kuomintang, en 2014 à Beijing, M. Xi a servi à M. Lien, qui est né dans la province du Shaanxi, des plats régionaux typiques, dont la soupe de mouton et des nouilles, et les deux ont discuté dans le dialecte local.
Lors d'une visite d'Etat à l'invitation de M. Xi en 2018, le président russe Vladimir Poutine s'est essayé à la préparation de spécialités de la ville de Tianjin.
Plus tard dans la même année à Beijing, M. Xi a présenté une autre spécialité du Shaanxi à son invité. Cette fois, il s'agissait du thé Fu, servi à l'ancienne première ministre britannique Theresa May.
Le thé Fu était populaire parmi les nomades dont le régime alimentaire contenait beaucoup de viande et de produits laitiers. C'était l'un des articles les plus recherchés qui se vendaient le long de la Route de la soie dans le nord-ouest de la Chine, en Asie centrale et en Europe.
Le thé Fu digestif, la soupe de mouton, les nouilles, les légumes marinés ... On peut dire que la nourriture a maintenu l'intimité de M. Xi avec le peuple et a nourri les relations de la Chine avec le monde.