Des militants islamistes vus dimanche après la prise de l’aéroport de Tripoli. |
Selon quatre hauts responsables américains, l'Egypte et les Emirats Arabes Unis ont secrètement fait équipe, par deux fois au cours des sept derniers jours, pour lancer des frappes aériennes contre les milices islamistes alliées qui se battent pour le contrôle de Tripoli, la capitale lybienne, dans le contexte d'une escalade majeure entre les partisans et les opposants de l'Islam politique.
Les Etats-Unis, ont indiqué ces responsables, a été pris par surprise : l'Egypte et les Emirats, deux alliés et partenaires militaires proches, ont agi sans en informer Washington ni rechercher son consentement, laissant l'administration Obama sur la touche. Les responsables égyptiens ont explicitement nié l'opération face aux diplomates américains.
Depuis le renversement par l'armée du président islamiste en Egypte il y a un an, le nouveau gouvernement égyptien, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont formé un bloc qui a pour ambition d'exercer une influence dans les pays autour de la région pour contrer ce qu'ils considèrent comme une menace des islamistes. Face à eux se trouvent les mouvements islamistes, dont les Frères Musulmans, soutenus par des gouvernements amis en Turquie et au Qatar.
Les responsables américains ont déclaré que le gouvernement du Qatar a déjà fourni des armes et un soutien aux forces islamistes alignés en Libye, de sorte que les nouvelles frappes représentent un changement par rapport aux guerres par procuration –où des puissances régionales jouent leur propre partition par le biais d'alliés locaux- passant à la participation directe.
Toujours d'après ces sources, l'Égypte a fourni les bases pour le lancement des frappes, même si le Président égyptien Abdel-Fattah el-Sissi et d'autres responsables ont émis des déclarations publiques vigoureuses mais soigneusement rédigées, niant toute participation directe sur le territoire lybien par les forces égyptiennes. Et les forces aériennes émiraties, l'une des plus efficaces de la région, grâce à l'aide et de la formation américaine, y auraient aussi participé, à condition que les pilotes, avions de combat et avions de ravitaillement en vol nécessaires pour bombarder Tripoli partent de bases en Egypte. Les Emirats Arabes Unis n'ont quant à eux fait aucun commentaire direct sur ces frappes.