La tension entre le Pouvoir et l'Opposition baisse de manière progressive en Côte d'Ivoire, les deux parties ayant convenu chacune de lâcher du lest pour faciliter la réconciliation nationale.
Le 1er octobre, l'opposition proche de l'ex-président Laurent Gbagbo a exprimé son voeu de reprendre le dialogue avec le pouvoir, après plusieurs semaines de bras de fer et de montée de ton.
"Nous sommes tous animés par la volonté de paix. C'est ce processus qui doit nous amener aux échéances de 2015. Nous allons revenir à la table de négociations pour trouver un terrain d' entente", a alors déclaré la porte-parole de l'Alliance des forces démocratiques (AFD, coalition de l'opposition pro-Gbagbo), Danièle Boni Claverie.
Elle a par la suite tendu la main au gouvernement, l'invitant à reprendre le chemin du dialogue et des négociations.
L'opposition, qui se montrait exigeante en réclamant la présidence de la Commission électorale indépendante (CEI), a reconnu avoir en fin de compte "mis de l'eau dans son vin" en décidant de reprendre les discussions.
LA MÊME LONGUEUR D'ONDE ?
Dans la même mouvance, le gouvernement ivoirien qui semble se trouver sur la même longueur d'onde a pris "des mesures concrètes".
Réuni en Conseil des ministres extraordinaire vendredi, il a adopté un projet de loi modifiant la composition du bureau de la Commission électorale indépendante qui passe de six à neuf membres.
Selon le porte-parole du gouvernement, Bruno Nabagné Koné, la décision de modification prise "au regard du contexte politique actuel" vise à "ramener l'opposition à la table de discussion".
"Le chef de l'Etat a décidé de faire un effort supplémentaire pour intégrer l'opposition à cette CEI dans un souci de consolidation de la paix et de renforcement de la démocratie", a noté M. Koné.
Pour Bruno Koné, le gouvernement ivoirien n'a jamais fermé la porte du dialogue.
"Nous avons toujours tendu la main à nos frères de l'opposition et nous continuons de leur tendre la main. C'est ensemble que nous, citoyens de ce pays allons oeuvrer à sa reconstruction et à la réconciliation", avait déclaré le porte-parole du gouvernement lors d'une récente rencontre avec des médias.
FAIRE TRIOMPHER LA PAIX
Plusieurs observateurs se sont réjouis de ces actes forts marqués par le pouvoir et l'opposition.
"Il faut que cette embellie continue et que les prochaines élections se passent dans un climat convivial afin de fermer totalement la parenthèse douloureuse de la crise de 2010 et 2011", a estimé le président de la jeunesse unie pour l'intégration africaine (JUNIA) Valéry Touré.
"Il s'agit de faire triompher la paix à travers ce que l'on pourrait qualifier de concessions", a ajouté M. Touré. Les partis d'opposition réunis au sein de l'AFD, en désaccord avec la procédure de désignation du président de la CEI Youssouf Bakayoko et des membres du bureau, ont récemment suspendu leur participation aux activités de la Commission électorale.
Les représentants de l'AFD avaient claqué la porte le 5 septembre après la reconduction de M. Bakayoko à la tête de l' institution, s'insurgeant contre un "vote mécanique".
Des observateurs de la scène politique qui croyaient le dialogue rompu, notent avec satisfaction la volonté des deux parties de reprendre les discussions et de faire des concessions.