L'opposition politique radicale en Mauritanie, organisée au sein du Forum national pour la démocratie et l'unité (FNDU), vient de réagir à l'appel au dialogue lancé par le gouvernement.
Le FNDU, qui regroupe une dizaine de partis d'opposition, des organisations syndicales, de la société civile et des personnalités indépendantes, a répondu au gouvernement dans un document fixant "les conditions requises pour un dialogue sérieux" pour sortir le pays de la crise politique qu'il connaît depuis 2008.
Le 6 janvier dernier, le chef de l'Etat mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz avait déclaré être "totalement disponible pour un dialogue général visant la réalisation des intérêts suprêmes de la Nation".
Cet appel s'adressait à une opposition qui venait pourtant de qualifier de "fuite en avant" la convocation du collège électoral par le gouvernement pour des élections sénatoriales prévues en mars prochain.
L'opposition avait critiqué cet appel, soulignant que le chef de l'Etat "préfère s'engager dans un nouvel acte de la parodie électorale à laquelle il a habitué tout le monde et qui consiste à user, pour la forme, des urnes tout en torpillant, dans le fond, toute expression de la volonté populaire".
De son côté, le gouvernement n'a pas baissé le bras. Son porte- parole, Izibih Ould Mohamed Mahmoud, a, au cours d'une rencontre avec la presse, affirmé que le pouvoir "serait disposé à organiser des élections présidentielles, législatives et municipales anticipées, afin de créer les conditions favorables pour un climat politique apaisé".
En effet depuis 2008, année où le président actuel, alors général de l'armée, avait conduit un coup d'Etat pour démettre de ses fonctions le président élu Sidi Ould Cheikh Abdallahi, l' opposition conteste la légitimité du chef de l'Etat, même après la présidentielle de 2009 qu'il a remportée.
Depuis lors, les choses sont allées de mal en pis car l' opposition n'a pas cessé de se radicaliser, boycottant toutes les élections et boudant un pouvoir qu'elle n'a eu de cesse de clamer "l'illégalité".
Mais, le gouvernement semble être décidé d'aller en avant pour désamorcer cette crise, dont il avait volontairement ignoré l' existence.
C'est ainsi, que, la semaine dernière, le Premier ministre, Yahya Ould Hademine, a remis à Mohamed Vall Ould Belal, coordinateur du FNDU une plateforme à débattre dans la perspective de lancement d'un dialogue national.
Ce document comprend des propositions relatives à "la possibilité d'organisation d'élections présidentielles, législatives et municipales anticipées, libres, démocratiques et transparentes", avec les garanties nécessaires pour la neutralité de l'armée et de l'administration, la refonte de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), en plus des questions traitant de l'unité nationale.
De son côté, l'opposition a répondu " favorablement" à travers deux documents remis au Premier ministre, qui listent les conditions requises par l'ensemble des partis d'opposition pour participer à un dialogue avec le pouvoir.
Elle a auparavant souhaité que le gouvernement puisse "aller au- delà des bonnes intentions en posant des actes concrets, car l' opposition veut être rassurée", selon l'expression de Kane Hamidou Baba, président du comité de suivi de l'action du gouvernement au sein du FNDU.
La feuille de route de l'opposition comprend essentiellement des propositions relatives à "la formation d'un gouvernement de large consensus disposant de vastes prérogatives, un large débat sur toutes les questions nationales, la révision de la composition des institutions chargées de la supervision électorale : à savoir le Conseil constitutionnel, l'Agence nationale de l'Etat civil et des documents sécurisés et toutes les directions du ministère de l' Intérieur en vue de les placer sous la direction de personnalités consensuelles".
L'opposition souhaite surtout la stricte neutralité de l' administration, des forces armées et de sécurité, ainsi que le plafonnement des budgets des partis politiques à l'occasion des scrutins électoraux.
Cette situation de rapprochement entre le pouvoir et l' opposition, intervient après de nombreuses tentatives de renouer le dialogue entre les deux partis, qui ont continué, pendant plus de six ans à se regarder en chiens de faïence.