L'ancien président sénégalais Abdoulaye Wade a mobilisé mercredi à Dakar des centaines de militants et sympathisants pour réclamer plus de démocratie dans le pays et la libération des "détenus politiques" ainsi que la levée de l'interdiction de sortie du territoire national qui frappe certains de ses proches dans le cadre de la traque des biens supposés mal acquis.
Au cours d'un rassemblement autorisé à Dakar, contrairement aux deux précédents qui avaient été dispersés par la police à coup de grenades lacrymogènes, il a exigé la levée de l'interdiction de sortir du territoire national pour tout le monde et la libération de tous les détenus (dont son fils Karim) et des "otages politiques".
En compagnie de son épouse et de nombreux hauts responsables de l'opposition, l'ancien chef de l'Etat, qui s'est s'exprimé devant une foule acquise à sa cause, a aussi demandé la libération de huit de ses partisans arrêtés lors d'un rassemblement précédent interdit par le préfet de Dakar et qui doivent être jugés lundi.
Me Wade qui a également demandé aux autorités de son pays de laisser les citoyens sénégalais manifester librement pour exprimer leurs préoccupations, a fortement critiqué le fonctionnement de la Cour de répression contre l'enrichissement illicite (CREI) qui poursuit d'anciens dignitaires de son régime dont son fils aîné, Karim Wade.
"Nous demandons le remplacement du juge Henri Grégoire Diop ( président de la CREI). Il a déjà son jugement en poche. C'est pourquoi, les avocats de Karim Wade l'ont récusé (la défense a décidé de bouder les audiences). Nous n'en voulons pas de ce juge", a-t-il poursuivi.
"Je récuse la CREI. Je n'admettrais pas que Karim soit jugé par la CREI parce qu'elle a déjà son jugement. Je demande que les détenus (dans l'affaire de la traque des biens supposés mal acquis) soient transférés devant la Cour correctionnelle et que Karim Wade, qui était un ancien ministre d'Etat, soit traduit devant la Haute Cour de justice qui offre plus de garanties que la CREI pour un procès équitable", a-t-il expliqué.
Il a assuré que ses partisans ont décidé désormais de lutter pour ramener le Sénégal sur les rails de la démocratie pour permettre ainsi à tout parti politique de conquérir démocratiquement le pouvoir.
"Je ne vais diriger le Sénégal pendant 12 ans et à mon âge ( près de 90 ans) revenir faire un coup d'Etat. Non, je ne ferais pas", a assuré l'ancien président sénégalais qui avait menacé samedi dernier de faire appel à l'armée pour arbitrer devant le refus des autorités d'autoriser leurs manifestations pacifiques.