Le scrutin présidentiel du 21 juillet 2015, a été organisé mardi au Burundi sous haute tension, particulièrement dans la Mairie de Bujumbura, principal foyer de tension depuis le 25 avril 2015.
Depuis cette date, l'actuel chef d'Etat burundais Pierre Nkurunziza, a accepté de briguer un 3e mandat présidentiel sur demande du Conseil National pour la Défense de la Démocratie-Forces pour la Défense de la Démocratie (CNDD-FDD; 1er parti au pouvoir), une décision qui a provoqué une nouvelle crise politico-sécuritaire marquée notamment par le déclenchement d'une vague de manifestations (anti-3ème mandat) émaillées de violences.
La veille du scrutin, le porte-parole de la Police Nationale du Burundi (PNB), Pierre Nkurikiye, a révélé que vers 17 heures locales (15 heures GMT) au centre-ville de Bujumbura, la capitale burundaise, une attaque à la grenade a lieu près d'une station d'essence, blessant une personne qui était dans une voiture positionnée dans les environs du lieu d'incident.
Par ailleurs, selon des sources populaires, des tirs nourris entremêlés d'explosions de grenades et de coups de feu, ont été entendus tout au long de la dernière nuit ayant précédé la tenue du scrutin présidentiel dans les zones urbaines de la Mairie de Bujumbura, qui s'étaient montrées actives dans le mouvement de contestation anti 3e mandat du président Nkurunziza, notamment celles de Kanyosha, Musaga, Nyakabiga, Ngagara et Cibitoke.
Lundi, le secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-moon, a exhorté toutes les parties burundaises à "s'abstenir de tout acte de violence, qui pourrait compromettre la stabilité du Burundi et de la région".
Pourtant, à la veille du scrutin, le Porte-parole de la Commission Electorale Nationale Indépendante(CENI), Prosper Ntahorwamiye, avait tranquillisé en se disant confiant que l'élection présidentielle allait bien se dérouler et que les préparatifs allaient bon train.
Quatre candidats de la mouvance politique proche du pouvoir, sont en lice pour ce scrutin présidentiel auquel les corps de défense et de sécurité, se sont fortement mobilisés pour sécuriser plus de 3 millions d'électeurs attendus.
Il s'agit du président sortant Pierre Nkurunziza du CNDD-FDD (1er parti au pouvoir), de Gérard Nduwayo de l'Union pour le Progrès National (UPRONA; 2ème parti au pouvoir), de Jacques Bigirimana des Forces Nationales de Libération(FNL) et Jean de Dieu Mutabazi de la Coalition des partis politiques pour une Opposition Participative(COPA).
Vendredi dernier, trois personnalités politiques de l'opposition, à savoir les anciens chefs d'Etat Sylvestre Ntibantunganya et Domitien Ndayizeye, ainsi que le président du Front pour la Démocratie au Burundi-Nyakuri (FRODEBU-Nyakuri), Jean Minani, ont annoncé le retrait de leurs candidatures pour cette élection présidentielle.
Pour ces opposants, ce scrutin présidentiel n'est garanti d'aucune crédibilité en termes de liberté, de transparence et d'équité.
Le président sortant Pierre Nkurunziza, et candidat à sa propre succession pour le compte du CNDD-FDD (1er parti au pouvoir), a déclaré après avoir voté dans sa province natale de Ngozi(Nord), qu'il venait de poser un geste marquant la durabilité et l'expérience démocratique au Burundi.
Le 5 mai dernier, la cour Constitutionnelle burundaise, a rendu un arrêt attestant que le président Nkurunziza est "éligible pour un deuxième et dernier mandat présidentiel au suffrage universel direct".
Le scrutin présidentiel du 21 juillet 2015, a été organisé deux jours après la suspension à Bujumbura, jusqu'à nouvel ordre, du dialogue politique inter-burundais, qui avait été relancé le 14 juillet sous la médiation de l'Ouganda, en application des recommandations du 3ème sommet de l'EAC sur la crise burundaise le 6 juillet dernier à Dar-Es-Salaam(Tanzanie).