L'Alliance des démocrates pour le changement (ADC-Ikibiri), coalition d'opposition du Burundi, a rejeté mardi le nouveau calendrier électoral annoncé lundi par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), qualifiant celle-ci d'"illégitime" pour proposer un calendrier des élections.
Le nouveau calendrier prévoit la tenue des élections législatives et communales le 26 juin, de l'élection présidentielle le 15 juillet, et des élections sénatoriales le 24 juillet.
"Ce nouveau calendrier électoral ne signifie rien pour nous car il a été préparé par une commission électorale qui est illégitime à de nombreux égards", a déclaré à Xinhua le vice-président du Front pour la démocratie au Burundi (Sahwanya-FRODEBU), Frederic Bamvuginyumvira, membre de la coalition ADC-Ikibiri.
M. Bamvuginyumvira a souligné que la commission électorale actuelle n'était "pas habilitée" à prendre de décisions car elle est "illégitime", arguant qu'elle viole l'article 90 de la Constitution du Burundi qui régit la composition de la CENI.
"La CENI actuelle est incomplète. Deux des cinq membres de la CENI ont démissionné la semaine dernière et fui le pays, craignant pour leur sécurité. La CENI doit être composée d'hommes et de femmes de tous les groupes ethniques, mais aujourd'hui avec la démission de deux femmes Tutsi, la CENI est composée uniquement de trois hommes, tous d'ethnie Hutu. Cela signifie que la CENI est illégitime, et ne peut pas prendre de décision", a déclaré M. Bamvuginyumvira à Xinhua.
Lors d'une réunion avec les parties prenantes, boycottée par les principaux groupes d'opposition, la CENI a annoncé le nouveau calendrier, qui doit encore être promulgué par le président burundais pour devenir valide.
M. Bamvuginyumvira a souligné que l'opposition était prête à participer à des élections organisées dans un climat propice et préparées par une institution légitime.
Le nouveau calendrier a été avancé après que la Communauté est- africaine (EAC) eut proposé, suite à un sommet extraordinaire tenu le 31 mai à Dar es Salaam, le report de 45 jours des élections burundaises, en raison de la vague de manifestations contre la candidature du président Pierre Nkurunziza à l'élection présidentielle. Ayant achevé deux mandats, le président Nkurunziza a décidé de en briguer un troisième, tandis que l'opposition et des organisations de la société civile le considèrent comme une violation de la Constitution et de l'Accord de paix d'Arusha qui limite à deux le nombre des mandats du président de la République.