Dernière mise à jour à 08h51 le 26/04
Le fleuve Amazone cache un récif de corail massif à son embouchure. |
Les récifs coralliens sont parfois appelés les « forêts tropicales de la mer » en raison de leur immense biodiversité. Comme les forêts tropicales, on les trouve généralement dans les tropiques, et parce qu'ils prospèrent habituellement dans des eaux turquoise, ils constituent des attractions accessibles et prisées des plongeurs et des chercheurs.
Ces récifs n'aiment généralement pas se former dans les eaux boueuses, comme à l'embouchure de rivières –ou du moins c'est ce que l'on pensait. Mais une nouvelle découverte remarquable qui vient d'être faite en Amazonie pourrait réécrire le livre sur la biologie des récifs coralliens. Là, dans les eaux troubles de l'embouchure du fleuve Amazone, les scientifiques ont trouvé un récif de corail massif et prospère qui va de la frontière de la Guyane française à l'Etat du Maranhão au Brésil, une zone couvrant près de 7 000 km carrés et s'étendant sur près de 1 000 km.
Comment un tel spectacle naturel a-t-il pu rester caché à la science jusqu'à maintenant ? Eh bien tout simplement parce que, comme il a été dit ci-dessus, les scientifiques ne pensent généralement pas à chercher des récifs coralliens dans les eaux boueuses. En outre, l'Amazone possède le plus grand débit du monde d'une rivière, de sorte que les eaux à son embouchure sont plutôt boueuses—elles sont mêmes carrément épaisses et tiennent plus d'une soupe que de l'eau. Il n'en est pas moins incroyable de découvrir un nouvel écosystème aussi massif comme celui-ci à notre époque. Les scientifiques ont également le vertige à l'idée du nombre de nouveaux animaux inattendus -qui ont évolué pour prospérer uniquement dans cet environnement-- qui pourraient bientôt être découverts ici.
« C'est quelque chose de totalement nouveau et différent de ce qui est présent dans toute autre partie du globe », a déclaré Fabiano Thompson, océanographe. « Mais jusqu'à présent, il a été presque complètement négligé. Ne vous attendez cependant pas à avoir des récifs gigantesques là-bas, parce que l'eau est pleine de sédiments et qu'il n'y a presque pas de lumière ou d'oxygène », a-t-il ajouté.
Les chercheurs ont déjà trouvé au moins 29 spécimens d'éponges qui constituent probablement de nouvelles espèces. Des microbes étranges qui semblent fonder leur métabolisme non pas sur la lumière, mais sur les minéraux et les produits chimiques comme l'ammoniac, l'azote et le soufre sont également très abondants dans les premiers échantillons. Cette forme non conventionnelle de vie pourrait aider à expliquer comment les créatures qui vivent au sein de ce récif parviennent à survivre. Jusqu'à présent, seule une petite fraction du nouvel habitat a été cartographiée, et elle pourrait avoir été découverte au bon moment, car les compagnies pétrolières et gazières sont en pleine expansion dans la région pour des forages potentiels, ce qui pose aussi maintenant le problème de la protection de cet écosystème unique.