Dernière mise à jour à 16h54 le 21/10
Les lémuriens sont un primate emblématique à Madagascar. [Photo / Agences] |
Menacée par la perte de leur habitat et la chasse, de lémuriens de Madagascar, une espèce en danger critique, ont trouvé refuge dans un sanctuaire privé de cette grande île de l'Océan Indien.
Dans la réserve de chasse de Nahampoana, l'une de ces créatures aux yeux écarquillés, qui sont les primates emblématiques de l'île, apparaît entre de longues tiges de bambou, tandis que trois autres jouent dans les arbres sur une berge un peu plus bas.
Il y a près de deux décennies, cet ancien jardin colonial français de 50 hectares a été transformé en une réserve de chasse privée.
Il abrite maintenant 150 lémuriens.
« Les hapalémurs viennent ici naturellement, car c'est calme. Ils sont protégés dans la réserve, et les chiffres sont en augmentation », explique Léonard Dauphin, le superviseur du sanctuaire.
Il y a environ 100 espèces connues à Madagascar, mais seulement 6 se trouvent dans le parc, parmi lesquels l'iconique lémur catta, qui est probablement le plus largement reconnu.
Il n'y a que sur cette île que les lémuriens sont visibles dans la nature, ayant évolué séparément de leurs cousins, les singes africains, il y a des millions d'années ; dans la réserve, ils se promènent librement parmi les grenouilles, les tortues et les crocodiles qui vivent également là.
La principale menace qui pèse sur les lémuriens de Madagascar est la déforestation, qui est l'un des problèmes environnementaux les plus graves auxquels fait face la plus grande île de l'Afrique.
« Avant, c'était le paradis. Les nuages flirtaient avec les montagnes grâce aux forêts », dit Gauthier, un guide du parc pointant le Saint-Louis, la plus haute montagne de la région.
« Maintenant, c'est un désert. Les arbres sont coupés chaque jour ».
Depuis près de deux décennies, la réserve de Nahampoana a survécu grâce au parrainage d'Aziz Badouraly, qui possède une agence de voyage dans la ville voisine de Fort Dauphin.
Environ 3 000 touristes visitent la réserve de Nahampoana chaque année, mais ces chiffres ne sont pas suffisants pour la maintenir à flot, et Aziz Badouraly dit qu'il a besoin de l'aide du gouvernement.
Mais les autorités de l'île, où 9 personnes sur 10 vivent en dessous du seuil de pauvreté, ont bien du mal à mettre des fonds de côté pour mettre en œuvre des programmes nationaux de conservation et de protection de la biodiversité.
Julio Razafindramaro Pierrot, qui gouverne la région du Sud-est où se trouve le sanctuaire d'Anosy , reconnaît les problèmes causés par la pratique généralisée de la destruction de la forêt pour faire place à des cultures, mais dit que les mains de l'État sont liées.
Autour de Nahampoana, les efforts locaux pour essayer d'éduquer les villageois qui prétendent que les lémuriens endommagent leurs récoltes semblent commencer à porter leurs fruits.
«Nous travaillons bien avec les villageois», dit Léonard Dauphin.
« Par exemple, nous les vendons les litchis de la réserve à un prix qui est trois fois moins cher que sur le marché. En échange, nous leur demandons de respecter les animaux ».
« C'est dans l'intérêt de tout le monde ».