Dernière mise à jour à 11h13 le 24/11
Les courants qui propulsent les marées de la baie de Fundy, dans l'Est du Canada, sont si forts qu'ils ont largement contrarié des centaines d'années de travail visant à exploiter leur puissance impressionnante. Mais les choses ont désormais changé. Quand les politiciens et responsables locaux se sont rassemblés dans la petite ville de Parrsboro, en Nouvelle-Écosse, pour une cérémonie décontractée mardi, les prédictions audacieuses sont allées bon train : les plus hautes marées au monde avaient finalement été apprivoisées et un pas avait été franchi pour les énergies renouvelables au Canada, Si ce n'est même dans le monde.
Il a suffi de pousser un petit commutateur sur un grand transformateur extérieur, et la première turbine fonctionnant grâce à la force de la marée en Amérique du Nord a été officiellement reliée au réseau électrique de la Nouvelle-Écosse vers midi. « C'est la première fois que l'énergie marémotrice est reliée au réseau en Amérique du Nord et nous savons que le monde nous regarde parce que les marées de la baie de Fundy sont les plus fortes au monde », a déclaré le Ministre de l'énergie de la Nouvelle-Écosse, Michel Samson, lors d'une interview accordée après qu'il ait allumé le disjoncteur devant une foule d'environ 50 personnes l'applaudissant. « Si nous sommes en mesure d'exploiter les marées ici, cela créera une formidable opportunité pour cette source d'énergie renouvelable dans le monde entier ».
Au-delà de la rhétorique, la turbine sous-marine développée par Cape Sharp Tidal est cependant juste un modèle expérimental qui peut générer 2 mégawatts d'électricité - assez pour alimenter seulement 500 maisons. Pourtant, c'est une machine impressionnante dans n'importe quelle situation. D'un poids de 1 000 tonnes, ce titan cylindrique fait environ cinq étages de hauteur, avec 10 lames à bec effilé convergeant autour d'une ouverture circulaire. Il est ancré sur le fond marin à l'extrémité Est de la baie dans le passage de Minas, un canal de 5 kilomètres de large près de Parrsboro, où les courants peuvent se déplacer à 5 mètres par seconde. « La quantité d'eau qui y coule chaque jour représente un volume plus important que celui produit par l'ensemble des rivières du monde », a déclaré Ray Hickey, un résident local et responsable d'exploitation de l'Autorité de l'Energie du Cumberland.
« Quand vous êtes là, vous pouvez le voir et vous pouvez l'entendre. Ce flux massif d'eau s'engouffre juste à travers ce petit passage ... ça ressemble à un plan d'eau violent avec beaucoup de perturbations. Un grondement très fort ». L'homme travaille sur l'exploitation des marées depuis le 17e siècle. Diverses technologies ont produit un succès limité : en 1984, une forme de barrage hydroélectrique a été construite à Annapolis Royal, mais cette petite usine de 20 mégawatts reste seulement une des trois seules usines marémotrices du monde. Le projet, qui emploie environ 300 personnes, devrait remplacer l'équivalent d'environ 2 000 tonnes de charbon pour répondre aux besoins énergétiques de la province. Selon le gouvernement local, cela permettra aussi d'éliminer environ 6 000 tonnes d'émissions de gaz à effet de serre, ce qui équivaut à retirer 1 000 véhicules des routes chaque année.