Dernière mise à jour à 16h51 le 04/04
La Chine est en train de développer un navire de forage scientifique avancé capable d'atteindre une profondeur d'environ 10 kilomètres sous le sol marin, ce qui permettra aux scientifiques d'explorer ce qui se passe réellement dans le manteau terrestre.
Selon le professeur Wu Lixin, membre de l'Académie chinoise des sciences et directeur du Laboratoire national des sciences et technologies marines de Qingdao, le design de ce vaisseau nommé « Dream » devrait être finalisé cette année.
Si tout se passe bien, le bâtiment sera lancé vers 2021, et la construction se poursuivra pendant plusieurs années avant de pouvoir être mis en service en raison des travaux d'équipement, a-t-il dit, ajoutant que son utilisation permettra à l'humanité de réaliser un rêve de longue date, voir le manteau de notre terre, et de stimuler considérablement les recherches menées par la Chine dans le domaine des géosciences.
D'après le professeur Wu, d'un déplacement de 35 000 tonnes, le Dream deviendra le troisième navire de forage scientifique au monde après le JOIDES Resolution américain et le Chikyu japonais, tous deux utilisés par le Programme international de découverte des océans, un projet scientifique mondial.
L'engin chinois sera capable de forer sur plus de 10 000 mètres dans le fond de l'océan, et sera donc chargé de mener des recherches géologiques ainsi que d'étudier et de récupérer du clathrate de méthane, également connu sous le nom d'hydrate de gaz naturel ou de glace de feu, a précisé le professeur Wu.
« Nous avons beaucoup appris sur l'espace, mais nous en savons encore peu sur notre propre planète car les scientifiques n'ont jusqu'à aujourd'hui jamais été en mesure de percer la croûte et d'atteindre la couche du manteau », a-t-il déclaré.
« Si le Dream peut nous aider à le faire, nous serons en mesure de révéler la cause des tremblements de terre, d'en apprendre plus sur l'évolution de la structure de la Terre et de son environnement, et de trouver de nouvelles sources d'énergie, ce qui aura pour conséquence d'aider à prévoir et éviter les catastrophes et soulager les pénuries d'énergie ».
Située entre la croûte, la coquille solide la plus à l'extérieur de la Terre, et le noyau externe, la couche de manteau fluide est principalement composée de fer et de nickel et a une coquille rocheuse composée de silicate d'une épaisseur moyenne d'environ 2 900 km.
Le clathrate de méthane est largement considéré comme une nouvelle source prometteuse de gaz naturel. Il est souvent piégé dans des cristaux de glace sous haute pression dans le pergélisol ou sous les fonds marins.
Le forage le plus profond jamais atteint à ce jour fut de 12 262 mètres dans les années 1970 dans le puits de forage Kola Superdeep, résultat d'un projet de forage scientifique de l'ex-Union soviétique sur la péninsule de Kola.
Le trou le plus profond foré dans le fond de l'océan se trouve quant à lui à 2 111 mètres sous le fond de la mer au large de la péninsule de Shimokita, dans le nord-ouest de l'océan Pacifique, et a été creusé par le Chikyu en 2012.
Le professeur Wu a par ailleurs souligné que, parce que la croûte continentale est d'environ 35 km d'épaisseur en moyenne, et que la croûte océanique est de 5 à 6 km d'épaisseur, un forage à partir des fonds marins est plus susceptible de pénétrer dans la croûte et d'atteindre le manteau.