Dernière mise à jour à 10h05 le 13/04
La semaine dernière, SpaceX a lancé CRS-14, une capsule de ravitaillement Dragon à destination de la Station spatiale internationale (ISS), qui transportait pour près de 3 tonnes d'outils, de nourriture, d'équipements et d'expériences scientifiques. Caché quelque part parmi le matériel, quelque chose d’inédit : du sperme humain et de taureau congelé. L’expérience est tout ce qu’il y a de plus sérieuse : l'équipage va décongeler le sperme pour étudier comment il agit dans des conditions de gravité zéro. À l'heure actuelle, savoir si le système reproducteur humain fonctionne dans l'espace n'est pas une question très urgente, d'autant plus que, du moins officiellement, aucun humain n'a même eu de relations sexuelles dans l'espace. Mais dans les décennies à venir, quand les humains passeront plus de temps dans l'espace (et même peut-être iront-ils sur Mars), des questions sur la reproduction surgiront inévitablement.
Selon un communiqué de presse de la NASA, l'expérience s'appelle Micro-11 et son objectif est double. Tout d'abord, elle a été conçue pour étudier comment les spermatozoïdes se comportent en microgravité afin de comprendre donc si la reproduction humaine peut se produire dans l'espace. Deuxièmement, l'étude du mouvement des spermatozoïdes sans l'interférence de la gravité pourrait révéler des processus que nous ne pouvons tout simplement pas voir sur Terre. Des études antérieures sur les spermatozoïdes dans l'espace suggèrent que le manque de gravité pourrait causer certains problèmes. Les choses ne se passent pas comme sur Terre quand le sperme est en microgravité.
« Les expériences précédentes avec l'oursin et le sperme de taureau suggèrent que le mouvement d'activation se produit plus rapidement en microgravité », a écrit la NASA dans son communiqué, « alors que les étapes menant à la fusion se font plus lentement ou pas du tout. Des retards ou des problèmes à ce stade pourraient empêcher la fécondation de se produire dans l'espace ». Dans la dernière expérience, les chercheurs astronautes décongèleront le sperme de 12 humains et de 6 taureaux puis utiliseront un produit chimique pour activer la moitié des échantillons. Ils vont ensuite filmer le mouvement des spermatozoïdes à l'aide d'une caméra microscopique avant de préserver le sperme pour permettre une analyse scientifique de retour sur terre.
« L'un des intérêts à long terme de la NASA est la survie multigénérationnelle alors que nous planifions des missions de plus longue durée », a déclaré Joseph Tash, chercheur au Centre médical de l'Université du Kansas, qui examinera le sperme à son retour. Jusqu'à présent, les mammifères ne se sont pas si bien reproduits dans l'espace. En 1979, la Russie a tenté d'élever des rats dans l'espace. Si deux rates sont tombées enceintes, leur grossesse n’avait pas abouti. Les futures expériences pourraient donc se révéler très utiles en ce domaine.