Dernière mise à jour à 09h02 le 15/01
De nombreux parents chinois ont des opinions mitigées sur la dernière décision du gouvernement d'alléger le fardeau des devoirs scolaires des élèves des écoles primaires et secondaires.
Si certains parents pensent que cette volonté de réduire la masse de devoirs pourrait libérer leurs enfants de la pression d'une pile de documents et de manuels et leur permettre de profiter de leur enfance, d'autres craignent que, si les écoles publiques réduisent le nombre de devoirs, cela rendra les tests plus faciles et abaissera l'importance des notes et obligera les parents à combler ce manque en offrant à leurs enfants un apprentissage parascolaire plus approfondi qui les aidera à se distinguer de leurs pairs et à se faire admettre dans une bonne université.
Les politiques gouvernementales de « réduction du fardeau scolaire » existent depuis des décennies en Chine, mais elles ont récemment réintégré le débat public. Le ministère de l'Éducation et huit autres départements ont publié cette directive le 28 décembre ; elle contient 30 mesures détaillées destinées seulement aux écoles, mais aussi aux établissements de formation après l'école, aux parents et aux autorités éducatives, toutes visant à réduire le fardeau scolaire des élèves.
Le gouvernement chinois a publié sa première directive sur la réduction de la pression scolaire des étudiants dès 1955. Une directive plus récente, publiée par le ministère en 2013, était principalement axée sur les écoles. Elle interdisait aux écoles primaires de mettre en place des classes d'excellence basées sur les notes des élèves et interdisait aux collèges de faire passer des tests d'admission.
La nouvelle directive interdit aux établissements de formation après l'école de proposer des formations en vue d'un examen ou d'embaucher des enseignants d'écoles publiques.
Elle interdit également aux autorités de l'éducation d'évaluer les écoles sur la base des taux d'inscription de leurs élèves dans les meilleures universités et insiste sur la nécessité de réformer les systèmes d'examen d'entrée à l'université, qui évaluent les écoles uniquement sur leurs résultats. De même, a ajouté la directive, les parents devraient élaborer des concepts scientifiques parentaux et s'abstenir de rivaliser les uns avec les autres.
Selon Cui Shifeng, directeur de l'école primaire Hefei Hupo Mingcheng dans la province de l'Anhui, bien que les autorités chargées de l'éducation aient discuté des moyens de réduire le fardeau imposé aux enfants depuis 1955, la charge de travail des élèves s'était alourdie au fil des années. La cause fondamentale de cette situation, estime-t-il, est la répartition déséquilibrée des ressources éducatives entre les différents établissements, ce qui incite les parents à faire tout leur possible pour envoyer leurs enfants dans de meilleures écoles.
« Il y a une certaine ironie à voir les autorités responsables de l'éducation demander aux parents de moins se concentrer sur les résultats scolaires de leurs enfants, tout en continuant d'admettre les étudiants dans les établissements d'enseignement supérieur uniquement sur la base des résultats aux examens d'entrée », a-t-il déclaré. « La nouvelle directive fournit de bons moyens d'alléger la lourde charge de travail des étudiants, mais je me demande si les autorités éducatives et les écoles ont vraiment envie de la mettre en œuvre ».
Cui Shifeng a cité l'exemple de la longue campagne du gouvernement en faveur de l'élimination des tests d'inscription, de la maternelle à l'école primaire et de l'école primaire à l'université. Mais, bien que la pratique soit interdite depuis 2013, les examens existent toujours secrètement et aucun chef d'établissement n'a été sanctionné pour les avoir mis en oeuvre. « Si les directeurs des grandes universités étaient démis de leurs fonctions, ils n'oseraient plus organiser de tels tests à l'avenir », affirme t-il.
Cependant, certains parents font valoir que tenter de réduire la charge de travail des élèves ne ferait que déplacer le fardeau pédagogique des écoles sur les parents.
Liu Yong est père d'un élève de cinquième année à Shanghai, et il estime qu'aucun parent ne souhaite que son enfant entame sa vie universitaire à partir d'une position défavorisée. Ainsi, lorsque la journée de l'école se termine tôt, à 15h30, les parents qui travaillent n'ont guère d'autre choix mais d'envoyer leurs enfants à des cours de soutien après l'école.
Son fils suit sept cours de soutien après l'école chaque semaine, trois en anglais et trois en mathématiques et un en chinois. Ils durent généralement de deux à trois heures chacun. Il revient généralement des cours de tutorat à la maison vers 20h30. Mais ce n'est pas fini, car il doit alors aussi terminer ses devoirs scolaires et des établissements de formation et se couche parfois vers minuit. Ses week-ends sont également chargés de cours de soutien.
« Je suis désolé pour lui quand je le vois bâiller en écrivant des devoirs apparemment interminables, et bien que je veuille vraiment que mon fils ait plus de temps pour jouer, je dois me rappeler que je dois aussi être rationnel », a-t-il déclaré.
« Pour pouvoir être admis dans un bon collège, mon fils doit travailler dur. Ce n'est qu'en entrant dans un bon collège qu'il pourra étudier dans un bon lycée et plus tard dans une bonne université. Il n'y a pas d'autre choix ».