Des chercheurs chinois présentent des preuves de matériaux du manteau sur la face cachée de la Lune

Selon une étude publiée en ligne mercredi dans le journal Nature, les mesures de la mission chinoise Chang'e-4 sur la face cachée de la Lune ont révélé la présence de matériaux provenant du manteau lunaire sur le site d'alunissage de la sonde.

La sonde Chang'e-4 s'est posée sur le cratère Von Karman en janvier 2019 et a déployé le rover Yutu-2 pour explorer le Bassin Pôle Sud-Aitken situé sur la face cachée de la Lune.

Les précédentes missions mondiales de télédétection en orbite s'étaient accordées sur l'idée selon laquelle « le meilleur candidat pour trouver des matériaux du manteau lunaire est l'immense Bassin Pôle Sud-Aitken qui, vu sa taille, a dû puiser dans le manteau à travers la croûte lunaire », a expliqué à Xinhua par courrier électronique Patrick Pinet, de l'Institut français de recherche en astrophysique et en planétologie.

La structure détaillée du manteau lunaire a échappé aux chercheurs pendant des années. Les scientifiques ont concentré leurs efforts sur les cratères d'impact, car les événements qui ont conduit à leur création pourraient avoir pénétré la croûte à l'intérieur de la lune, arrachant des parties du manteau et les éparpillant sur la surface.

Photo fournie par l'Administration spatiale nationale de Chine le 3 janvier 2019 montrant Yutu-2, le robot lunaire chinois, laissant une trace après avoir touché la surface cachée de la lune. (Photo d'archives / Xinhua)

Sur la base des premières observations du spectromètre à infrarouge visible et proche de Yutu-2, une équipe dirigée par des chercheurs de l'Académie chinoise des sciences a déduit la présence en surface de minéraux de pyroxène et d'olivine à faible teneur en calcium, pouvant provenir du manteau supérieur de la lune.

Ils ont fait valoir que ces matériaux avaient été excavés sous le plancher du Bassin Pôle Sud-Aitken par le cratère d'impact Finsen situé à proximité.

La caractérisation de la composition du manteau lunaire est « une étape très importante à mener », car elle permet aux chercheurs de présenter de meilleures modèles d'évolution de l'intérieur de la Lune et « de répondre aux questions connexes sur le magma océanique et sa solidification/refroidissement », a souligné M. Pinet, qui a également écrit un article d'accompagnement commentant les dernières découvertes de l'équipe chinoise.

Toutefois, selon M. Pinet, pour confirmer davantage les résultats, il est encore nécessaire de rapporter un échantillon de roches sur Terre pour les analyser.