Dernière mise à jour à 16h01 le 04/02
Pi Peiqi, 58 ans, pêche sur le lac Dongting, dans la province du Hunan (centre de la Chine), depuis son adolescence, mais sa vie a radicalement changé après qu'une interdiction de pêche est entrée en vigueur il y a plus d'un an. Sa famille possédait deux bateaux, l'un pour l'hébergement, l'autre pour la pêche. « Ceux qui vivent dans les montagnes vivent des montagnes; ceux qui vivent près de l'eau vivent de l'eau », a-t-il déclaré.
Une interdiction complète de la pêche de 10 ans pour protéger la biodiversité du fleuve Yangtsé a commencé le 1er janvier. Ces dernières années, des interdictions ont également été introduites par les gouvernements locaux le long du Yangtsé pour accélérer les travaux de protection de l'environnement.
Shi Zhongfang (devant), ancien pêcheur, aide un proche à déplacer des approvisionnements quotidiens à terre à Yuanjiang, dans la province du Hunan (centre de la Chine), en décembre, alors qu'ils font leurs adieux à la pêche sur le lac Dongting. Shi Zhongfang est maintenant un restaurateur qui sert une authentique cuisine de pêcheur. (Xue Yuge / Xinhua)
La Chine attache une grande importance à la protection de l'environnement le long du cours d'eau de 6 300 kilomètres ainsi qu'au développement de haute qualité de la ceinture économique du fleuve Yangtsé, qui couvre neuf provinces et deux municipalités et représente plus de 40% de la population et de la production économique du pays.
Fin 2019, Pi Peiqi a quitté son bateau pour vivre avec son fils dans le village de Jiahe, à Yuanjiang, dans la province du Hunan, avant que le gouvernement local n'impose une interdiction de pêche de 10 ans sur le lac Dongting.
Il s'est vu offrir un emploi par les autorités locales, qui consiste à patrouiller et protéger le lac et gagne plus de 2 000 yuans (310 dollars) par mois. Dans le passé, certaines zones du lac ont été inondées de déchets et la protection de l'environnement ne figurait pas parmi les priorités des pêcheurs, a-t-il souligné.
« Mon travail consiste maintenant à patrouiller et à ramasser les déchets dans l'eau où je pêchais, et l'environnement a connu une amélioration notable depuis que l'interdiction de pêche a été mise en œuvre », a-t-il expliqué.
Selon le ministère de l'Agriculture et des Affaires rurales, pour assurer la subsistance des 231 000 pêcheurs touchés par l'interdiction, le gouvernement a pris des mesures pour les aider à trouver un emploi. Avant la fin de l'année dernière, le gouvernement central avait alloué 9,2 milliards de yuans et les gouvernements locaux 11,4 milliards de yuans pour soutenir financièrement les pêcheurs touchés. De même, a indiqué le ministère, au 11 décembre, un total de 218 000 anciens pêcheurs étaient inscrits à des programmes de protection sociale et 165 000 avaient trouvé un nouvel emploi.
Liu Kehuan, un ancien pêcheur du comté de Hanshou, dans la même province du Hunan, a fait le saut de son ancien travail plus tôt que les autres. Il a abandonné la pêche en juillet 2015 et a créé l'association de protection des zones humides du lac Dongting ouest. Selon M. Liu, 55 ans, l'association compte plus de 400 bénévoles et environ 70% sont d'anciens pêcheurs.
En plus d'être à la tête de l'association, Liu Kehuan élève également du poulet et des écrevisses dans une ferme. Il a déclaré que le nombre de poissons dans le lac avait diminué rapidement au cours des dernières décennies en raison de la surpêche, du dragage et de la pollution. Certains pêcheurs ont même eu recours à des filets surdimensionnés et à la pêche électrique, a-t-il noté.
La tâche principale de l'association, a-t-il expliqué, consiste à ramasser les déchets sur le lac et rechercher la pêche illégale et les émissions illégales d'eaux usées des usines chimiques. Au cours des cinq dernières années, de novembre à mars, des volontaires ont également protégé les oiseaux migrateurs contre l'empoisonnement et la mort, a-t-il déclaré, ajoutant que l'association ramasse des centaines de kilogrammes de déchets chaque jour.
« Le lac Dongting est le foyer de nous, pêcheurs. Nous avons arrêté de pêcher pour protéger notre maison », a-t-il souligné.