Pour dire les choses simplement, il leur faut établir un gouvernement fort, et renforcer la mobilisation et la capacité d'exécution de ce gouvernement, plutôt que l'inverse. Cela découle du contexte historique particulier et du stade de développement des pays en développement. Dans les pays occidentaux, l'industrialisation et la modernisation politique, l'intégration nationale en sont presque arrivés à un tournant. Et la plupart des pays du Tiers-Monde font presque simultanément faire face aux mêmes défis. Dans le cas des pays qui n'ont pas encore vraiment résolu leurs problèmes de subsistance, la tâche première de l'Etat est de s'engager dans le développement économique, et d'insister sur une discipline collective et un travail acharné.
Certains universitaires, évoquant des pays comme la Corée du Sud, le Brésil, l'Inde, le Nigeria, ont conclu que « l'intervention de l'État pour aider les investisseurs à faire des profits s'est révélée être une pré-condition de la montée en puissance de l'industrie dans les pays développés ». Vouloir copier le modèle constitutionnel occidental, sans avoir la patience de découvrir le patrimoine historique des démocrates, avait déjà été critiqué par Lénine en ces termes : « C'est comme vouloir laver de la fourrure sans vouloir plonger cette fourrure dans l'eau ».
En fait, lorsque les puissances occidentales soutiennent ce processus, elles représentent la quasi-totalité des forces productives avancées, la classe dominante, et, invariablement, cela aboutira en même temps à la mise en place d'un «gouvernement fort» en tant que puissante protection politique. Dans la quasi-totalité des pays de la seconde phase de l'ère industrielle, la quasi-totalité de ces pays a connu un achèvement de la modernisation d'un régime autoritaire.
Depuis près de 200 ans, le critère de mesure des progrès d'un pays est sa capacité d'occidentalisation. Mais aujourd'hui, ce concept est remis en cause. Dans le domaine de la politique internationale, deux enseignements positifs et négatifs peuvent être tirés de la transition politique, en particulier en ce qui concerne la transition politique en cours au Moyen-Orient, qui a de plus en plus dévié de la direction prise à l'origine, ce qui fait que nous nous rendons de plus en plus compte qu'il faut éviter de suivre aveuglément la tendance, et combien il est important d'adhérer à sa propre voie nationale de développement politique.
Le Quotidien du Peuple, Edition Outre-mer (28 décembre 2012, Edition 01)