Le déclenchement du «printemps arabe» a eu lieu il y a deux ans.
Cette vague de changements radicaux a tout à la fois balayé le monde arabe et conduit à un changement de régime dans plusieurs pays, même si en Syrie la crise fait toujours rage. Toutefois, ce qui avait apparemment ressemblé à un énorme bouleversement politique n'a en fait pas réussi à faire entrer le Moyen-Orient dans une nouvelle ère d'avenir. Il n'y a pas eu de changements spectaculaires au Moyen-Orient, faisant plonger les gens dans une humeur de plus en plus pessimiste. Les « révolutions arabes » ont fait sortir les pays arabes d'un piège pour les faire tomber dans un autre piège, et le « printemps » est devenu « hiver ».
Si les raisons qui ont conduit à ce résultat sont nombreuses, la plus importante est sans doute d'avoir voulu vénérer et imiter aveuglément la voie occidentale vers la démocratie. A la base, les changements radicaux au Moyen-Orient venaient d'une demande de la société pour faire progresser les moyens d'existence et les droits civiques des peuples, mais ce mouvement de transformation a, dès le départ, été intentionnellement trompé par les puissances occidentales.
Le Centre Français de recherche sur les renseignements a publié un nouveau livre intitulé « Révolutions arabes : Le côté inconnu » dans lequel il révèle que des forces extérieures au Moyen-Orient ont joué un rôle décisif dans le processus de ces changements spectaculaires. Dès 2002, les Etats-Unis, par l'entremise de diverses organisations non gouvernementales et fondations, ont commencé à planifier la « révolution arabe » dans ces pays, en formant des militants. Du fait d'une sorte d'« empoisonnement » par l'idéologie démocratique occidentale, la signification profonde de ce changement radical a été simplement comprise par l'élite arabe comme un « mélange de démocratie et de tyrannie », sous-entendant que la« transition démocratique » permettra de résoudre tous les problèmes des pays arabes.
Les faits prouvent que le problème est loin d'être simple. Du fait d'un retard en termes économiques, culturels, d'un fossé particulièrement graves entre les riches et les pauvres, les laïques et les religieux la mise en œuvre de la démocratie est gravement entravée, les gouvernements, que ce soit pour un problème de décentralisation ou de centralisation, de prise en main ou de laisser-faire, provoquent toujours du mécontentement et des protestations, plongeant ces pays dans des « troubles de la démocratisation ».
D'un point de vue global, sur plus de 200 pays et régions du monde, à part une poignée de pays socialistes, les autres suivent presque tous la voie occidentale de la démocratie et du capitalisme et une soi-disant nouvelle « démocratisation ». Mais les pays riches ne sont toujours guère plus qu'une vingtaine, et plus de 190 pays et régions non seulement n'avancent pas, mais en plus connaissent des troubles et la pauvreté. Ceux de ces pays du tiers monde qui ont souhaité passer à la démocratisation, dans la majorité des cas, non seulement n'ont pas réussi à renforcer la participation politique, mais en plus plongé leurs pays dans état de décrépitude politique.
Il y a là une question importante : de quel système politique ont en fait besoin les pays en développement pour faire de leurs nations des pays riches et forts ?