Le « cinq » 五 (wǔ)nous rapproche un peu plus de la multitude. Associé au « quatre » 四, ce chiffre peut exprimer une quantité d'éléments, comme dans l'expression 五湖四海 (wǔhú sìhǎi), littéralement « les cinq lacs et les quatre mers », qui signifie plus globalement « toutes les parties du monde ».
Comme le « trois » ou le « quatre », le « cinq » joue également le rôle de chiffre « fourre-tout ». On l'utilise en médecine pour désigner les cinq viscères 五脏 (wǔzàng), que sont le cœur, le foie, la rate, les poumons et les reins. Ce terme signifie plus généralement l'ensemble des parties viscérales de l'organisme. On le retrouve aussi dans une expression populaire : « Le moineau est petit, mais il a toutes ses viscères » (麻雀虽小五脏俱全, máquèsuī xiǎo wǔzàng jùquán), ce qui veut dire en fait « petit, mais néanmoins complet ».
Comme vous avez certainement dû le remarquer, les Chinois ont tendance à établir des classements. On retrouve le chiffre « cinq » dans 五岳 (wǔyuè), les cinq montagnes sacrées chinoises : le mont Taishan dans l'Est, le mont Huashan dans l'Ouest, le mont Hengshan dans le Sud, le mont Hengshan dans le Nord et le mont Songshan au centre du pays. On devine alors les cinq directions chinoises 五方(wǔfāng) : est, ouest, sud, nord et centre. Nous n'en avons que quatre en français : nord, sud, est et ouest.
Enfin, dans la littérature, il existe les Cinq Classiques 五经 (wǔjīng), qui associés aux Quatre Livres 四书, forment un corpus exhaustif sur la morale chinoise. Ces Cinq Classiques regroupent le Classique des mutations, le Classique des documents, le Classique des vers, le Classique des rites et les Annales des Printemps et Automnes. À ce stade, le « cinq » implique la fin et le début d'un nouveau cycle, qui nous amènera jusqu'au chiffre « dix » dans la prochaine édition.
<b>Par SÉBASTIEN ROUSSILLAT</b>, étudiant chercheur français à l'université normale du Shandong et a remporté le IVe concours « Pont vers le chinois » en 2011.