Ce qu'elle préférait, c'était bavarder avec les personnes âgées. Même si elles étaient parfois dépourvues d'instruction, elles représentaient des témoins de l'histoire. Liang Zi transcrivait soigneusement leurs propos et il lui arrivait de trouver, parmi ces données, des pistes pour mener des interviews.
Le passage de l'attention accordée à l'existence des habitants locaux à celle accordée aux relations humaines marqua un autre changement de point de vue dans ses photos. Au Burundi, elle rendit visite à une famille formée d'un Hutu et d'une Tutsie.
L'évolution de la recherche matérielle vers la recherche spirituelle rendit plus difficile la capture des scènes. Heureusement, ses photos sont toutes marquées par le style authentique et naturel de Liang Zi. Ainsi vivait-elle naturellement, en tant que narratrice, autour des gens qu'elle comptait photographier. Bien qu'initialement, elle se fut fixé l'objectif de prendre des notes, les spectateurs peuvent ressentir que de toute évidence, son souhait impératif était de conserver l'histoire à travers ses travaux.
Et d'ajouter : « Je sais que je n'appartiens pas à cette terre, mais ici, je cherche toujours ce qui est commun avec nous. En dépit des différences en matière de langue, de coutumes, de modes de vie et de contexte culturel entre les diverses nations, l'humanité ne manque pas de similitudes. Tous les êtres humains éprouvent des sentiments d'amour, sont attachés à leur vie, si courte soit-elle, et aspirent à respirer de l'air pur et à mener une vie paisible. Tous sont égaux en termes d'émotions, tous aiment la bonne chère et tous peuvent tomber malade. Même la naissance et la mort sont semblables. La Terre est vraiment petite. Pour ma part, depuis l'autre bout de la Terre et parmi les populations noires, j'ai gagné à me découvrir moi-même, un moi authentique, un moi en phase totale avec la nature. Tout comme les habitants locaux, j'ai profité sans la moindre retenue du soleil, de l'air et de l'eau, sans avoir à me déguiser ni à me maquiller. Même mon cœur est devenu plus pur », décrit-t-elle dans son livre La décennie en Afrique, qui vient d'être publié. Son mode de vie actuel est d'ailleurs devenu de plus en plus simple.
Par LI YUAN