Après le mouvement de grève observé durant cinq jours, la Fédération des syndicats des patrons du transport public routier au Maroc a décidé d'organiser, mardi, une marche en direction du ministère marocain de l'Equipement et du Transport à Rabat.
Un communiqué de la Fédération a précisé que cette décision a été prise en signe de protestation contre le non-respect par le ministère de tutelle des clauses du procès verbal signé entre les deux parties, jeudi dernier, concernant le report de la mise en oeuvre des nouveaux cahiers de charges. Les professionnels du transport routier ont également prolongé leur mouvement de 48 heures pour protester contre la décision du gouvernement marocain relative à la mise en place, le 29 novembre dernier, des cahiers de charges inhérents au secteur sans l'implication des professionnels.
Les opérateurs n'ont pas admis le lancement par le ministère d' un appel à manifestation d'intérêt, assorti d'un cahier des charges, pour l'octroi de nouvelles lignes dans le cadre d'un nouveau segment: le VIP. Cet appel à candidature est assimilé par les opérateurs à un début de réforme des agréments du transport.
Répondant à ses détracteurs, le ministre marocain de l'Equipement et du transport, M. Aziz Rebbah, a affirmé que l'appel à la grève lancé par certains syndicats "n'a rien à voir avec la défense des intérêts des professionnels", mais revêt un caractère politique. Il a assuré que la procédure d'octroi des agréments dans le secteur de transport routier des voyageurs, qui assure le transport de 34 à 40 millions de voyageurs par an, sera soumise en majeure partie à un appel d'offres qui sera ouvert aux professionnels ayant à leur actif au moins cinq ans d'exercice.
S'exprimant lors d'une conférence de presse au sujet de la grève observée par les professionnels du transport des voyageurs, le ministre a précisé que le processus de réforme s'articule autour de trois objectifs fondamentaux, à savoir préserver l'intérêt de l'économie nationale, celui des professionnels du secteur et celui des citoyens. Le processus de réforme, qui sera lancé en janvier prochain, portera sur des questions à caractère juridique, législatif et institutionnel, et devra aboutir à la signature d'un contrat-programme entre le ministère et les professionnels pour la mise à niveau du secteur, a expliqué M. Rebbah.
M. Rebbah a fait savoir, par ailleurs, que le gouvernement planche actuellement sur une série de mesures d'ordre institutionnel et législatif destinées au développement du secteur, citant notamment la création d'une agence nationale de réglementation des transports et l'élaboration d'un projet de loi relatif au transport des voyageurs, qui sera remis aux professionnels le mois prochain.
Il sera procédé, dans le même cadre, à l'élaboration d'un projet de cahier des charges pour les sociétés de transports et d'un contrat-modèle entre les transporteurs et les employés, au sondage des avis des professionnels concernant le processus de réforme ainsi qu'à l'organisation d'une journée d'étude en janvier prochain, a-t-il précisé.
A noter que la Fédération marocaine de l'union des transporteurs routiers publics de personnes a annoncé qu'elle ne soutient pas les raisons de l'appel à la grève. "Elle refuse catégoriquement l'exploitation politique du secteur pour le règlement de comptes personnels et restreints et l'adhésion à tout groupement oeuvrant à consacrer le secteur non réglementaire et le maintien de la rente", indique un communiqué de la Fédération.
Pour sa part, le bureau de la Fédération nationale du transport routier (FNTR) a affirmé refuser, dimanche à Casablanca, toute instrumentalisation politique des revendications des professionnels ainsi que leur manipulation à des desseins ne servant pas leurs intérêts réels, selon un communiqué de la Fédération.