Alors qu'on croyait définitivement enterrée l'initiative du gouvernement guinéen de faire la lumière sur la gestion de l'administration sous les régimes précédents, à travers des audits qui avaient démarré au lendemain de l'investiture du président Alpha Condé, voilà que celui-ci annonce de nouveau la relance de ces opérations "main propre" destinées à confondre les fonctionnaires "indélicats".
La nouvelle est tombée lors d'un meeting de soutien au président guinéen qui s'est tenu le samedi 1er décembre, où devant une foule de sympathisants réunis au palais du peuple de Conakry, Alpha Condé a fait savoir son intention d'en finir avec les pratiques de corruption qui gangrène l'administration publique.
La démarche consiste à passer au peigne fin la gestion des affaires de l'Etat sous le règne de ces prédécesseurs, en partant de la deuxième République, qui fut marquée par le règne de Lansana Conté.
Le professeur Alpha Condé et son gouvernement voudraient demander des comptes à ceux qui ont trempé dans des affaires de détournement de deniers publics. Cette fois, il est décidé à ne pas tergiverser face au sort à réserver aux cadres qui auront le malheur de se retrouver dans le collimateur du comité d'audit.
Ainsi, lors du meeting de samedi dernier, le président guinéen a déclaré sur un ton empreint de fermeté : "Nous allons engager les audits. Ceux qui seront soupçonnés d'avoir volé vont se présenter devant un tribunal pour répondre de leurs actes". Il a toutefois précisé que si des présumés auteurs de détournement de deniers publics étaient "blanchis" par la justice, ils seront libérés.
Alpha Condé qui n'avait pas l'air de plaisanter en abordant la question relative à la lutte contre la corruption a prévenu qu'aucun coupable ne sera épargné.
Le président guinéen a dit avoir prévenu même les cadres du RPG-Arc-en-ciel, parti au pouvoir, que la fin de l'impunité a enfin sonné. Toujours dans la même lancée, Alpha Condé a mis en garde contre ceux qui tenteront de plaider en faveur des personnes inquiétées. Il s'agit en fait de chefs religieux ou de certains sages des quatre coordinations régionales, qui jouent parfois les "avocats" pour défendre des cadres de l'administration en conflit avec la loi auprès des hautes autorités du pays.
Des démarches qui contribuent aux yeux de maints observateurs à "cultiver l'impunité" dans le pays.
Il faut rappeler que c'est le 24 décembre 2010 que le Comité d'audit a été créé par décret présidentiel. "Placé sous l'autorité directe du Président de la République, le comité est indépendant de la chaîne hiérarchique de l'administration et des autres institutions", précise le décret.
Ce Comité d'audit a pour mission "de conduire des audits comptables et financiers, procéduraux ou organisationnels indépendants proposés par le Président de la République. Ces audits concernent la gestion des structures administratives, des entités et entreprises publiques ou mixtes ou des marchés dans lesquels l'Etat est partie contractante. Il doit permettre de renforcer l'efficacité de la gestion publique et le dispositif de lutte contre la corruption et la délinquance économique et financière".
Depuis sa création, le Comité présidé par Jonas Mukamba Diallo s'est penché sur quelques dossiers engageant l'Etat guinéen dont les différents chantiers de construction entrepris sous la Transition.
Le Comité a sillonné les préfectures du pays, pour constater le niveau d'évolution de ces infrastructures portant sur des garnisons militaires, des terrains de football. Mais le rapport qui en a découlé et dont la copie fut transmise à la presse était "très alarmant". Car des milliards de francs guinéens avaient été déboursés pour le financement de la plupart de ces chantiers, sans que cela n'ait produit de résultat escompté, selon le Comité.