Sur les dix pays membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC), exactement la moitié (Angola, Cameroun, Congo-Brazzaville, Gabon et Guinée équatoriale) versent normalement leurs contributions statutaires, un écueil pour le financement du processus d'intégration régionale, regrettent des sources internes à cette organisation.
Composée en outre du Burundi, de la République centrafricaine (RCA), de la République démocratique du Congo (RDC), de Sao Tomé & Principe et du Tchad, la CEEAC est entraînée dans un processus devant conduire à une fusion avec la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) regroupant pour sa part, le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, la RCA et le Tchad.
Pour ce projet découlant des recommandations de rationalisation des communautés économiques régionales de l'Union africaine (UA), les deux institutions ont mis en place en 2011 un comité de pilotage qui peine à avancer faute de financements. Les 100 millions de francs CFA (200.000 USD) promis par la CEEAC n'ont toujours pas été débloqués.
Pour justifier de tels engagements non tenus, Carlos Bonfim, directeur des politiques macro-économiques, du commerce et de l'industrie au sein de cette organisation basée à Libreville au Gabon, pointe les difficultés de mobilisation des contributions statutaires des Etats membres.
« Autant la CEEAC que la CEMAC ont deux mécanismes de financement qui s'appellent, pour la CEMAC, la taxe communautaire d'intégration, et pour la CEEAC, la contribution communautaire d'intégration. Ces outils ont été mis en place par les Etats, mais ils ne sont pas appliqués totalement par un certain nombre d'Etats. Cela fait que les contributions ne sont pas versées régulièrement et ça bloque le fonctionnement », a expliqué ce responsable à Xinhua lors d'une réunion à Yaoundé.
« Le taux pour la CEEAC, c'est de 0,4% des importations des Etats membres en provenance de l'extérieur de la zone. Pour la CEMAC, c'est de 1%. Ça devrait faire des recettes très importantes pour financer le processus d'intégration, mais malheureusement ces ressources ne sont pas mises à la disposition des deux institutions de manière régulière, tel que c'est prévu par les textes », a-t-il ajouté.
Pour la CEEAC, seuls l'Angola, le Cameroun, le Congo- Brazzaville, le Gabon et la Guinée équatoriale sont cités comme les pays s'acquittant plus ou moins régulièrement de leurs obligations. En revanche, le Burundi, la RCA, la RDC, Sao Tomé & Principe et le Tchad traînent le pas pour la simple raison que ce sont des pays économiquement faibles ou en conflit.
Après deux jours de travaux d'experts, une réunion ministérielle tenue vendredi à Yaoundé sous la conduite du ministre camerounais de l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du territoire, Emmanuel Nganou Djoumessi, a décidé de reconduire le budget de 300 millions de francs CFA (600.000 USD) du comité de pilotage, sans préciser ses modalités de financement.
Deuxième puissance pétrolière continentale après le Nigeria, l'Angola représente pour 48,5% la principale économie de cette région, devant le Cameroun (13,2%), la Guinée équatoriale (8,6%), le Gabon (8,3%), la RDC (7,5%) et le Congo (6,7%), selon les statistiques établies par le bureau sous-régional pour l'Afrique centrale de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA).
Au milieu du tableau, le Tchad fait cavalier seul avec 4,7%, loin devant le Burundi et la RCA respectivement à 1,1% et Sao Tomé & Principe (0,1%).
L'Union africaine a fixé le délai de 2017 pour la mise en place effective d'une zone de libre-échange continentale prévue par le Traité d'Abuja de 1991 instituant la Communauté économique africaine. Avant cette échéance, les différentes communautés économiques régionales sont appelées à conclure entre elles des accords commerciaux dans le cadre de tripartites au plus tard en 2014.
En ce qui la concerne, la CEEAC devrait être liée par ce type d'accords avec la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et l'Union économique et monétaire ouest- africaine (UEMOA), annonce Carlos Bonfim.
« Il faut aussi rappeler qu'en 2012 toutes les communautés économiques sont censées être soit au niveau de la zone de libre- échange, soit au niveau de l'union douanière. Mais, ce processus n'avance pas comme souhaité. L'une des raisons du Copil (comité de pilotage, NDLR), c'est de faire accélérer ce processus pour que nous puissions être plus ou moins en mesure de nous arrimer à ce processus continental qui, dans d'autres régions, se passe avec beaucoup plus de bonheur », note le responsable.
L'objectif de la zone de libre-échange est d'accroître le commerce intra-africain, actuellement de 11% du commerce total du continent (contre 72% pour le commerce intra-européen, 52% pour le commerce intra-asiatique, 48% pour le commerce intra-nord- américain et 26% pour le commerce intra-sud et centraméricain) et sa part dans le commerce mondial (3,2% à l'heure actuelle).
Une expérience appréciable de tripartite existe déjà entre le Marché commun de l'Afrique de l'Est et de l'Afrique australe ( COMESA), la Communauté de l'Afrique de l'Est (CAE) et la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC). Elle couvre 26 pays et une population de 530 millions d'habitants, soit 57% de la population du continent, pour un produit intérieur brut (PIB) total de 630 milliards USD