La Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC) entend donner une impulsion décisive à la stratégie d'intégration sous-régionale basée sur le développement des industries culturelles, a déclaré mercredi à Yaoundé, la ministre camerounaise des Arts et de la Culture, Ama Tutu Muna, à l'ouverture du Forum pour la valorisation de la culture au service de l'intégration et du développement tenu jusqu'à vendredi.
"Aujourd'hui, la problématique du financement de la culture se pose avec d'autant plus de pertinence que nous savons bien que notre sous-région regorge un immense potentiel dans le secteur culturel qui ne demande qu'à éclore et à s'épanouir", a déclaré à la presse la ministre Ama Tutu Muna.
Le forum des partenaires de la CEEAC pour la valorisation de la culture au service de l'intégration et du développement préconise la mise en oeuvre d'un cadre de concertation qui permettra de créer des conditions favorables non seulement d'intégration sous- régionale, au développement des entreprises et industries culturelles, mais également à la valorisation du patrimoine culturel des dix pays.
Ama Tutu Muna en affirmant que ce secteur peut contribuer significativement à lutter contre la pauvreté et le chômage des jeunes, a formulé le voeu que les Etats-membres de la CEEAC puissent avantageusement contribuer à l'évolution de la réflexion de la communauté internationale, notamment en ce qui concerne l' intégration et la mise en oeuvre des politiques culturelles dans la planification du développement.
Dans son aspect culturel, le Traité instituant la CEEAC le 18 octobre 1983 entendait préserver le patrimoine culturel; communiquer les programmes et expériences culturels notamment dans le domaine de l'art, de la littérature, des spectacles; échanger des matériaux et réalisations cinématographiques, des programmes télévisuels et radiophoniques..
"Tous les Etats membres de la CEEAC se doivent donc de faire en sorte que ces objectifs s'inscrivent dans leur politique culturelle pour faire rayonner nos artistes à travers le monde. C' est en cela que je tiens tout particulièrement à saluer l' initiative des présentes assises", a précisé Ama Tutu Muna.
Il y a 20 ans, les questions du financement de la culture ne se posaient pas avec la même acuité. Mais, les besoins sont devenus plus importants et les ressources disponibles plus faibles, du fait de l'engagement des Etats à résoudre prioritairement les questions de santé, d'éducation, d'eau et d'énergie, expliquent des experts culturels.
Ces derniers estiment que les ressources disponibles doivent également accompagner des actions concertées et les manifestations culturelles à caractère sous-régional, car, la culture est devenue un instrument de lutte contre la pauvreté et aide véritablement à maintenir la cohésion sociale.
C'est pour répondre à ces besoins que le Cameroun a mis en place la Heritage and Arts Foundation (Harts Foundation), qui a pour objectifs principaux d'encourager et de favoriser des personnes physiques ou morales, publiques ou privées, à la réalisation des initiatives et projets artistiques et culturels d' intérêt général, ayant un caractère philanthropique ou concourant à la mise en valeur du patrimoine culturel, à la diffusion de la culture et à l'intégration nationale.
Cette fondation à but non lucratif apporte également son soutien aux oeuvres développées en faveur de la culture camerounaise, tant au niveau national qu'à l'échelle internationale.
Enfin, elle est chargée d'accompagner les efforts du gouvernement en matière de développement du secteur culturel et de recevoir des biens, droits ou ressources dans la perspective de la réalisation d'oeuvres d'intérêt général dans le domaine des arts et de la culture.
L'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), à travers son représentant à Yaoundé, Benoît Sossou, a affirmé que la coopération avec les 10 pays de l' espace CEEAC se poursuivra plus que jamais de manière étroite.
"La culture est un puissant moteur de l'économie mondiale. D' après le rapport mondial 2009, les industries culturelles produisent plus de 7% du PIB mondial. Elles créent des emplois et génère des revenus substantiels, soit 1,3 milliards USD", a expliqué Benoît Sossou.
De même, depuis mai à ce jour, les équipes de l'Organisation internationale de la Francophonie regroupant 78 pays sont mobilisées afin de soutenir la CEEAC dans sa démarche et aboutir à la tenue de ce forum réunissant des personnalités et experts des questions culturelles d'Angola, du Burundi, de République centrafricaine, du Congo Brazzaville, de la République démocratique du Congo, du Gabon, de Guinée équatoriale, de Sao Tomé-et-Principe, du Tchad et du Cameroun.
La Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale est une organisation créée pour le développement économique, social et culturel en vue de la création des structures régionales pouvant progressivement aboutir à un marché commun.