Après d'intenses tournées et des meetings aux quatre coins du pays, la campagne électorale pour les législatives du 22 février prochain a été clôturée officiellement mercredi à minuit sur l'ensemble du territoire djiboutien.
Cette campagne électorale qui a mis fin à une décennie de boycott de l'opposition djiboutienne n'a été entachée d'aucun trouble majeur, ni d'aucune dérapage entre les deux différentes formations politique en lice pour ce scrutin.
Cependant, aux yeux des analystes politiques locaux, le régime en place serait face à la menace électorale la plus sérieuse depuis 10 ans.
En effet, les différents partis de l'opposition ont fait taire leurs divergences pour se retrouver autour d'un programme législatif commun et une plateforme politique dénommée Union pour le Salut National (USN) qui promet notamment de "promouvoir la démocratie, combattre la corruption et le népotisme, développer des médias indépendants, et restaurer les droits de l'Homme et les libertés individuelles et collectives".
Trois formations politiques sont appelées à concourir pour ces élections législatives de vendredi prochain qui s'annonce donc cruciales pour ce petit pays de la Corne d'Afrique, indépendant seulement depuis 36 ans.
L'Union pour la Majorité Présidentielle (UMP), au pouvoir) regroupe le Rassemblement Populaire pour le Progrès (première force politique du pays), le Front pour la Restauration de l'Unité et de la Démocratie (FRUD), le Parti National Démocratique (PND), le Parti Social Démocrate (PSD) et l'Union des Partisans de la Reforme (UPR).
De l'autre côté, l'USN, qui est la principale plateforme de l' opposition djiboutienne est composée de l'Union pour la Démocratie et la Justice (UDJ), de l'Alliance Républicaine pour le Développement (ARD) et du Parti Djiboutien pour le Développement.
Légalisé en septembre 2012, le parti centriste, le Centre de Démocrates Unifiés (CDU) de M. Elmi Omar Khaireh reste quant à lui le petit poucet de ces élections législatives.
Le scrutin de vendredi prochain demeure historique, car l' opposition djiboutienne siégera pour la première fois au parlement suite à l'initiative du gouvernement djiboutien qui a approuvé en novembre dernier le remplacement du scrutin de liste majoritaire par un scrutin de liste mixte à un tour et avec une représentation proportionnelle à hauteur de 20% à partir de ces élections législatives du 22 février.
Pour ces élections, l'opposition djiboutienne est renforcée avec le retour au pays après dix années d'exile en Europe de l' opposant de longue date, et président du Parti pour le Renouveau Démocratique (un parti qui a été dissous), M. Daher Mohamed Farah. D'ailleurs, celui-ci a été désigné porte-parole de la plate-forme de l'opposition (USN) pour ces législatives.
Le mouvement des Frères musulmans djiboutiens, dont le parti n' a pas été légalisé par les autorités compétentes pour participer à ce scrutin sous une bannière à part, a rejoint la plateforme de l' opposition djiboutienne USN, et font d'ailleurs depuis les beaux jours.
L'autre soutien de poids de l'opposition djiboutienne est sans aucun doute le ralliement surprise du Maire de la ville de Djibouti, Abdourahman TX, et une partie de sa formation indépendante RAAD qui avait battu l'alliance au pouvoir (UMP) lors des élections communales et régionales de février 2012.
Dans un entretien accordé à la télévision nationale à quelques heures avant la clôture de la campagne électorale, le chef de l' Etat djiboutien, Ismail Omar Guelleh, a appelé ses concitoyens à dire "non aux objectifs inavouables des leaders de la coalition de l'opposition qui sont de freiner le développement socioéconomique du pays".
"On y trouve des individus ouvertement hostiles à l'unité nationale, mais aussi une poignée de religieux qui ont perverti délibérément leur rôle dans la société et en quête de prébendes ainsi qu'un petit cercle d'anciens barons ayant perdu toute crédibilité sur la scène politique", a-t-il dit avant d'exhorter les électeurs à voter massivement en faveur de l'UMP qui est au pouvoir.
Petit pays de la Corne d'Afrique de moins d'un million d' habitants sur 23.000 km2, Djibouti, qui dispose d'un PIB d'un milliard de dollars US, tire l'essentiel de ses revenus de ses ports, de la location de bases militaires ainsi que de son secteur bancaire.